» La journée « Tous ensemble pour les victimes » a remporté une fois de plus un grand succès. Merci à toutes et à tous….
Voici le discours que j’ai tenu en pensant à toutes les victimes, qui souvent ne peuvent s’exprimer :
Merci à toutes et à tous d’être présents pour sa quatrième édition à la Journée « Tous ensemble pour les victimes ». Cette journée porte bien son nom car pour aider les victimes, nous avons besoin d’être présents à leurs côtés. Chaque partenaire a son rôle à jouer et c’est la force de ce réseau représenté ici dans les stands qui permet d’avancer chaque jour vers une meilleure prise en charge des victimes.
Merci tout d’abord aux associations qu’elles soient généralistes ou spécialistes pour tout le travail de terrain qu’elles effectuent sans relâche quotidiennement auprès des victimes.
Merci aux collectivités territoriales partenaires de cette journée : les villes de Paris, Saint Leu La Foret et Rosny sous bois qui ont toujours démontré leur intérêts pour lutter contre toute forme de violence.
Merci au Ministère de l’Intérieur et à la Délégation aux victimes pour son soutien depuis la création de cette Journée. Nous avons cette année 16 ateliers de prévention tenus par la Police nationale, la gendarmerie nationale et la Préfecture de Police, ainsi que la présence des intervenants sociaux et psychologues qui sont mis en place dans les commissariats et qui apportent une aide importante aux victimes très souvent perdues lorsqu’elles ont la force d’aller déposer plainte.
Je salue aussi l’Observatoire des violences envers les femmes du conseil général de Seine Saint Denis pour son travail fondamental sur le sujet et je suis ravie d’accueillir cette année le Conseil départemental de l’Accès au droit de Paris.
Comme l’année dernière, nous avons à nos côtés le barreau de Paris et des avocats pour informer sur les droits et donner des conseils.
Merci aussi au parquet de Paris pour son soutien permanent.
Et enfin, merci à notre mécène Construction Verrecchia et tous les bénévoles qui participent à cette Journée, les amis, la famille qui répondent toujours présents.
Il y a dans l’actualité de nombreux sujets qui touchent les victimes et c’est tous ensemble que nous devons faire attention pour rester en alerte permanente.
Un collectif d’une quarantaine d’associations s’est crée, dont certaines sont d’ailleurs parmi nous pour faire face aux conséquences dramatiques de certains articles de la Proposition de Loi Famille. Comment peut on oublier de prendre en compte les violences physiques, psychologiques ou économiques des femmes et des enfants qui subissent des violences conjugales ? Il est déjà tellement difficile pour les femmes de partir, de s’arracher de l’emprise….et la loi obligerait la femme à obtenir l’autorisation du père et conjoint violent pour déménager… cela est aberrant et terriblement violent pour les victimes de ne pas se sentir comprises, écoutées, pire, aujourd’hui, elles se sentent menacées, non plus uniquement dans la famille, mais par la société censée les protéger ! Même si hier, les débats ont été ajournés, il est indispensable de rester sur le qui vive. Bravo à la fédération Solidarité femmes, a SOS les mamans et à toutes les associations signataires du Manifeste « Protégez les enfants » pour leur persévérance et leur combat.
Dans l’actualité, il y a aussi la loi sur la prévention de la récidive et l’individualisation de la peine. Dans quelques jours, elle sera également débattue à l’assemblée nationale. Il est évident qu’il faut lutter contre la récidive, nous sommes tous en accord là-dessus. La question est : comment lutter efficacement ? Il me semble que l’unique moyen est de faire comprendre à ceux que l’on appelle les auteurs la gravité de leur acte et les conséquences dramatiques que cela a eu sur les victimes. Et que cette prise de conscience les empêche de recommencer.
Et pour cela, commençons par faire attention au vocabulaire employé. Les mots sont importants. Aujourd’hui, à la télé, dans la presse, dans la rue, on parle de victimes et d’auteurs. Alors victimes : ce mot fait peur. Evidemment personne n’a envie de devenir une victime. Un auteur par contre, cela pourrait être un écrivain, un scénariste…il est important de poser les bons mots. Il s’agit de délinquants, de criminels, d’agresseurs, d’escrocs, de cambrioleur….Minimiser les actes est contre productif. Comment sensibiliser un agresseur a si il sait que pour une condamnation de 5 ans maximum , il ne fera jamais de prison ?
Comment la victime peut elle alors se sentir considérée et avoir la démarche d’aller déposer plainte si elle pense que cela ne sert à rien ?
La victime doit se sentir reconnue, soutenue, comprise. Elle aussi a la droit d’être prise en charge individuellement. C’est d’ailleurs ce que dit l’article 22 de la directive européenne sur les droits des victimes du 25 octobre 2012 : évaluer et accompagnée individuellement les victimes.
Bien sûr, qu’il est important de s’occuper individuellement des délinquants et des criminels, mais n’oublions pas les victimes…elles aussi doivent avoir ce droit !
Les victimes ont le sentiment que la législation est plus souvent en faveur du délinquant et que le code pénal à certes été rédigé pour protéger la société, mais pas les victimes individuellement. Elles sont souvent perdues face à la justice.
Je tiens à saluer le travail de l’Inavem qui a édité hier ses 40 propositions pour un droit des victimes en mouvement. L’Inavem propose également la création d’un code du droit des victimes qui les aideraient à mieux connaître leurs droits fondamentaux. En plus des actions de terrains, ce sont aussi des actions comme celles-ci qui permettent d’avancer pour une meilleure prise en charge des victimes.
Aujourd’hui, ce sont plus de 450 associations qui sont représentées ici. Et c’est le travail de chaque professionnel, psychologue, assistante sociale, juriste, avocat et aussi l’implication des bénévoles qui font que tous ensemble nous pourrons aider les victimes.
Dans deux jours, le 25 mai, c’est la journée mondiale des enfants disparus organisée en France par le Centre Français de Protection de l’enfance. Ayons une pensée toute particulière pour ces enfants et leur famille.
Nous avons tous un ballon dans nos mains. Certains d’entre vous ont souffert, souffre encore. Pour ceux là, ce lâcher de ballon est un signe d’espoir, d’envie d’aller mieux. Pour les autres, je vous propose de penser à une victime, une femme, un enfant, un homme qui vous a particulièrement touché… 3 2 1