CE DONT ON VA PARLER:

Les groupements sectaires débordent rarement d’imagination sur leurs thèmes. Des motifs répétitifs et des sources croisées font qu’il est possible de reconnaitre des croyances et discours récurrents.

SOURCES : Les sectes QUE SAIS_JE

SYNTHESE : Il existe autant de croyances que de mouvements sectaires avec des reprises et invention en permanence. Toutefois, un certain nombre de composantes apparaissent de manière presque systématique. Il convient de les comprendre pour pouvoir les identifier. Si les différents thèmes de croyances ne peuvent pas permettre en eux-mêmes de caractériser une dérive sectaire — comme discuté, la dérive vient de l’abus et non de la croyance en elle-même.

I. L’ADEPTE TEMPLE SACRE

Le discours sectaires part souvent d’une série de propositions sur l’adepte qui est défini comme un être supérieur ayant acquis une possible salvation (b.). Ce salut vient de sa capacité à retourner à sa pureté initiale et donc à reconstituer sa perfection naturelle que des agents extérieurs avaient atteints (a.) .

a. L’humain pur ne connait le mal

Parmi les thématiques récurrentes se trouvent une série de propositions qui cherchent à nier le concept de maladie ou de souffrance psychique. L’être humain, fruit de la nature, est naturellement bon et sain. S’il souffre, c’est qu’il a subi un parasitisme : soit par des envoutements mis en place par des sorciers, soit par des traumatismes infantiles, ou plus généralement par une société qui le corrompt. La source de la solution à la souffrance ne peut alors que se trouver dans la personne et sa capacité à se libérer des liens qui l’entravent. Derrière toute souffrance, il y a un agent externe qui la cause. Cette négation de la maladie ou de la souffrance est quasi-systématique : elle permet au groupe de prendre le contrôle de la guérison, qui peut se passer du système médical, car la maladie ou la souffrance n’existe pas et peut prendre la forme d’une guérison magique par un soin de type psychothérapeutique.

Ce principe consistant à considérer que l’être humain est naturellement libre de toutes afflictions se retrouvent dans des mouvements se greffant à la religion catholique qui voit dans l’homme fait à l’image de Dieu une source de perfection qui la maladie ne peut venir souiller que comme figure du malin et donc du péché, c’est la faiblesse de l’homme qui explique sa souffrance. Dans les courants plus new age, le système vibratoire de l’individu connecté à la nature-mère le protège de toute maladie qui ne peut donc se révéler qu’en cas de rupture vibratoire causée par un agent extérieur : l’homme à l’image de la nature est parfait et ne peut donc connaitre d’imperfection sans cause externe.

La même idée peut s’exprimer de plein de manières différentes. Elle prend toutefois toujours la forme d’une affirmation que toute maladie relève d’un pouvoir étranger qu’il est possible d’éliminer en retrouvant une certaine pureté spirituelle.

b. Élitisme et sélection

L’adepte ou le groupe est généralement sélectionné. Il participe à une élite. Par une connaissance particulière, par un éveil particulier, il permet de développer un particularisme, une force unique. Le groupement révèle à l’initié sa force et lui permet de la développer ainsi que les pouvoirs qui vont avec : capacité à parler à Dieu, pouvoir du féminin sacré.

L’octroi de cette connaissance qui assure le salut suppose une promotion par échelons de l’adepte. De nombreuses mouvances contiennent toute une série de paliers et d’initiations avec des tests et des acceptations. La mise en place de ses éléments de sélection, de l’affirmation de la qualité d’élu et d’élitisme, permet de donner à l’adepte l’impression d’un contrôle et d’une maitrise par rapport à des angoisses existentielles. Il convient de voir que les croyances répondent généralement à une demande de l’initié qui est très symptomatique de l’époque dans laquelle il vit. Dans nos sociétés basées sur la liberté individuelle et l’exigence de réussite dans un monde complexe, l’élitisme permet de donner un sentiment de réussite et d’appartenance à des personnes qui ont pu avoir une perte d’estime personnelle.

Si l’individu adepte bénéficie d’une auréolé et de capacité incroyable, il a pu être découvert par un maître doué d’un savoir particulier et unique.

II. LE MAITRE DETENTEUR DE LA CONNAISSANCE

Le temple réel est le corps de l’adepte qui par un savoir va se purifier. La source de ce savoir relève d’une révélation obtenue par un maître unique, seul détenteur du vrai (a.) qui protège d’un monde extérieur destructeur (b.).

a. Le maître seul connait le savoir …

D’où vient le savoir du gourou : il vient d’une source unique qui n’est accessible qu’à lui-même. Cette source provient souvent de maîtres intérieurs ou de révélation. Il s’agit d’un canal particulier de transmission ou de révélations transmis par un maître disparu. La compréhension doit être unique et inégalable. Elle ne peut être contestée.

Cette série de croyance a comme grammaire celle de l’unicité de la source et son octroi spécifique à une personne. La présence de rêves lucides, de connexion avec des anges, des esprits pour sa révélation est fréquente. Il peut aussi dans le cadre de pratiques ancestrales d’une variation unique enseigné par un maître disparu.

b. … et le monde extérieur veut le faire taire

En contrepoint de cette connaissance-puissance qui donne au gourou sa capacité thaumaturgique auprès de fidèles relavant d’une élite, il faut se prémunir des attaques incessantes d’un monde extérieur diabolique. Il s’agit d’une paranoïa généralisée contre les sources de connaissance, une position de victime concernant tout discours extérieur, une hostilité au contredit.

La conséquence de cette série de croyances est l’exclusion et l’ostracisme de toute personne qui sort du crédo. Elle appartient à ce monde enténébré et réprouvé que le régime de la vérité du culte créé par le réseau de croyances vient créer.

Comme souvent ce type de croyances est très répandu dans les mouvements sectaires, car il présente aussi une utilité pour le groupe : assurer une rupture entre l’adepte et les membres de sa famille et son réseau de sociabilité qui est essentiel pour développer et maintenir l’emprise mentale. Il s’agit de construire un mur de peur, proche de la réaction phobique, contre l’extérieur.

Conclusion :

Savoir reconnaitre les grandes thématiques des croyances permet de maintenir un seuil d’alerte. La liste des éléments énoncés plus haut ne peut suffire à épuiser le sujet en réalité illimité. Néanmoins, il est très rare que des groupes à dérives sectaires ne reprennent aucune des grandes thématiques qui, en réalité, dans leur conjonction participent au discours qui fonde l’emprise mentale et donc la dérive sectaire.