Le quotidien turc « Hürriyet » (la liberté) a un regret : le débat sur le projet d’une nouvelle Constitution qui s’est ouvert après l’élection à la présidence de la République turque d’Abdullah Gül, issu de la mouvance islamiste modérée, ne passionne pas les foules.

Et pourtant, rappelle le journal, il sera bientôt trop tard pour se demander : « Mais pourquoi nous a-t-on fait cela ? » Pour le journal qui se livre à une lecture minutieuse du projet, l’un des points centraux en discussion aujourd’hui est de savoir si le texte de la prochaine Constitution qui vise à remplacer celle de 1982 adoptée après le coup d’Etat militaire de 1980, « renforce la laïcité ou au contraire l’affaiblit ».

Selon le rédacteur du cadre de la nouvelle loi fondamentale, le professeur Ergun Ozbudun, il vise à corriger non seulement des questions liées à la laïcité mais aussi à la liberté de religion et de conscience. Pour le journal, le nouveau projet adopte une posture globalement « plus libérale » que les deux textes précédents, de 1982 et de 1961.

Mais il comporte aussi des aspects qui menacent le système laïc. « Hürriyet » met en exergue le passage sur les libertés religieuses « qui peuvent être limitées dans le but énoncé de protéger l’ordre public, la moralité publique et autres droits et libertés ». Il ajoute qu’une autre modification aboutit à ce que « toute personne qui le souhaite peut enseigner sa religion à d’autres sans condition ».

Une nuance très importante par rapport au texte en vigueur selon lequel « l’éducation religieuse ne peut être dispensée que dans le respect et sous le contrôle de l’Etat ». Or, avertit le quotidien, si déjà en dépit du contrôle de l’Etat, « le nombre de sectes et de centres d’éducation religieux ont pullulé à travers toute la Turquie au cours des dernières années, il n’est pas difficile d’imaginer ce qu’il en sera en laissant ce domaine libre ».