Quatre membres d’une secte dite "des pieds nus" ont été tués et plusieurs blessés la semaine dernière en s’opposant à une campagne spéciale de vaccination contre la poliomyélite à Kadiolo (480 km au sud de Bamako), a appris l’AFP vendredi sur place.
Le 18 septembre, des membres de la secte ont refusé que les infirmiers chargés de la vaccination s’approchent de leurs enfants, selon des sources au sein de la gendarmerie et des habitants de Kadiolo.
Cette ville est située dans la région de Sikasso (sud), non loin de la frontière avec la Côte d’Ivoire, où 17 cas de polio ont été enregistrés en 2004.
Des forces de sécurité ont tenté de les "sensibiliser" à cette question en les conviant à une rencontre, selon le témoignage de l’un des agents à l’AFP. "Arrivés à cette rencontre, ils étaient au nombre de 37. Refusant nos conseils, ils ont tout de suite sorti les armes blanches cachées sous leurs vêtements pour nous attaquer", a expliqué cet agent.
Trois éléments des forces de sécurité ont été blessés, "et en réaction de légitime défense, nous avons utilisé nos armes", selon cette source, qui a ajouté que trois membres de la secte avaient été tués sur le coup.
Un quatrième, blessé par balles, est décédé après avoir été évacué au centre de santé de Kadiolo.
Les membres de cette secte, qui se réclament de l’islam, ont pour caractéristique principale de ne pas porter de chaussures. Ils rejettent toute forme de modernisme.
Un chef traditionnel de la ville, Baba Koné, a confirmé ces informations à l’AFP en fustigeant les pratiques de la secte.
Ses membres "pratiquent une religion qui n’a rien à voir avec l’islam. Il faut les chasser d’ici (de Kadiolo) et de tout le Mali!", a déclaré M. Koné, en estimant que l’islam pratiqué était "tolérant" dans ce pays musulman à 80%.
En 1998, des membres de la secte avaient assassiné un juge malien de Dioila (130 km au nord de Bamako) le jour où il devait juger certains des leurs.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 19 pays sont touchés par le retour de la poliomyélite, une maladie paralysante qui avait été pratiquement éliminée.
KADIOLO (Mali), 23 sept (AFP)