Questions à… Jean-Michel Roulet, préfet hors cadre, vient d’être nommé président de la Miviludes (Mission de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).

Les pratiques sectaires sont une notion plus signifiante que le mot secte. Quant au paysage sectaire, c’est une réalité complexe, car, à côté d’organisations répertoriées, il y a une multitude d’associations qui changent de visage lorsqu’elles se trouvent dans le collimateur de la justice. Le phénomène ne se résorbe pas, mais il change de physionomie. On voit se développer de petits groupes qui font de la psychologie, des médecines nouvelles, de la diététique, de la formation permanente. Quand on dit secte, on pense à un groupe important bien structuré, mais, aujourd’hui, le phénomène prend plutôt une dimension «micro». Ce peut être un leader qui tient une douzaine de personnes grâce à des dérives sectaires. Avec des honoraires exorbitants pour une pratique quelconque qui conduit à l’éloignement de la famille, la substitution du libre arbitre : c’est cela la réalité sectaire.

N’y a-t-il pas une vision fantasmatique du pouvoir des sectes ?

Non, ce sont des gens puissants, professionnels de la manipulation, qu’il faut combattre du point de vue du droit. Il faut collecter des faits et les comparer à la législation en vigueur et, dès lors que ces groupes ne respectent pas la loi, les déférer en justice. La magistrature est certainement en pointe, mais la lutte antisectes est jeune et nous manquons d’une jurisprudence conséquente. S’il pouvait y avoir deux ou trois procès marquants pendant que je suis à ce poste, je ne serais pas mécontent.

 Par Daniel LICHT
vendredi 30 septembre 2005
Libération