Huit Pakistanais ont été tués et quatorze autres blessés vendredi lors de l’attaque par des hommes armés d’une mosquée d’une secte musulmane interdite au Pakistan, dernier épisode des violences
entre courants de l’islam qui ravagent le Pakistan depuis plus de quinze ans.

Plusieurs hommes armés ont fait irruption à l’aube devant une mosquée de Mandi Bahauddin, à 100 km au sud d’Islamabad. Deux d’entre eux ont fait irruption dans le bâtiment et ouvert le feu sur des fidèles réunis pour la première prière du matin, selon des policiers locaux.
Les agresseurs ont pu prendre la fuite sans être inquiétés, a indiqué la "Huit personnes ont été tuées et quatorze blessées", a affirmé le ministre pakistanais de l’Intérieur Aftab Sherpao en condamnant fermement cet "acte de violence contre des innocents".
L’attaque, selon la police locale, était dirigée contre une mosquée de la secte Ahmadie, qui a été déclarée "non-musulmane" et officiellement interdite par la constitution pakistanaise de 1973.
Ce courant de l’islam a été fondé en 1889 en Inde par Mirza Ghulam Ahmad qui se présentait comme un prophète, affirmation inacceptable pour les deux principaux courants musulmans, sunnite et chiite, pour lesquels Mahomet est le dernier prophète.

Malgré l’interdiction, plusieurs dizaines de milliers d’Ahmadis, recrutés généralement dans lesmilieux éduqués et aisés, continuent de pratiquer leur foi dans la plus grande discrétion au Pakistan, mais aussi au Royaume-Uni ou au sein de la diaspora pakistanaise en Occident.

Essentiellement répandu en Asie du Sud, l’Ahmadisme trouve également des partisans parmi les musulmans d’Afrique du Nord ou de Turquie. 

Les Ahmadis – aussi appelés Qadianis du nom du village de Qadian où est né Ghulam Ahmad en 1838 – n’ont pas une pratique religieuse très différente des autres courants de l’islam, mais respectent des principes dénoncés par eux.
Parmi ces principes, figurent notamment la croyance d’un décès "humain" de Jésus-Christ, décédé, selon Ghulam Ahmad, à l’âge de 120 ans à Srinagar, au Cachemire sous administration indienne. 
Cette doctrine permettait au "prophète" ahmadi de dénoncer la nature surnaturelle de la mort du Christ, telle qu’elle était avancée par les missionnaires chrétiens en Inde et respectée par les musulmans.
Un autre principe des Ahmadis dénoncé par les autres musulmans concerne le jihad (guerre sainte) que Ghulam Ahmad avait énoncé comme purement défensif ou intellectuel, alors que d’autres courants prônent un jihad plus agressif à l’égard des non-musulmans.

Le centre spirituel de la culture ahmadie au Pakistan se trouve à Rabwa, dans la province duPendjab, entre Islamabad et Lahore, à proximité de la ville de Jhang, berceau de certains des plus extrémistes des militants sunnites pakistanais. 

Les Ahmadis ne sont pas fréquemment la cible des violences interconfessionnelles qui opposent généralement au Pakistan les extrémistes des deux grands courants musulmans, les sunnites (75% à 80% des 150 millions de Pakistanais) et les chiites (15% à 20%). 

Ces violences ont fait plus 4.000 morts depuis le début des années 1990.

Plusieurs attaques contre des mosquées ou des congrégations de fidèles, notamment chiites, ont fait quelque 200 morts depuis le début 2004.
Cette attaque, menée au deuxième jour du mois sacré de ramadan, coïncide également avec le deuxième anniversaire de la mort d’un leader extrémiste sunnite, Azam Tariq, tué par balles près d’Islamabad le 6 octobre 2003.

Le premier anniversaire de l’assassinat d’Azam Tariq avait été marqué par un attentat à la voiture piégée qui avait tué quarante sunnites célébrant la mort du leader sunnite à Multan, au Pendjab.
   jhd/nl      

ISLAMABAD, 7 oct 2005 (AFP)