GENÈVE, 16 août 2007 (AFP) – Le quotidien suisse La Liberté a gagné le
procès pour « tort moral » que lui avait intenté la secte raélienne, a annoncé
jeudi le journal.
Le mouvement raélien s’était offusqué d’un article publié en 2005 par ce
quotidien de Fribourg qui soulignait le message de soumission féminine promue
par la secte et rappelait les positions raéliennes sur le clonage et ses relents
d’eugénisme.
Le Tribunal civil de l’Est vaudois a estimé que chacune de ces dérives
idéologiques est effectivement prouvée par la littérature raélienne. La secte a
été condamnée à payer 6.080 (bien lire: 6.080) francs de dépens (3.700 euros).
« La nécessité d’informer le public par voie de presse n’est pas en soi
illicite ou répond à un intérêt prépondérant. Celui-ci passe avant le droit à
l’honneur de la secte ou de ses membres », souligne le jugement cité par le
journal.
Le mouvement raélien ainsi que deux de ses adeptes cités dans l’article
avaient porté plainte contre La Liberté, réclamant chacun 15.000 francs (9.000
euros) de dommages et intérêts.
Le « guide national » pour la Suisse du mouvement raélien, M. Philippe
Chabloz, a annoncé à l’agence de presse suisse ATS son intention de recourir
contre la décision « inadmissible » du tribunal.
Le tribunal fédéral suisse avait déjà donné raison en 1998 au quotidien La
Liberté contre les Raéliens qui reprochaient au journal de lui avoir refusé un
droit de réponse suite à un article qui exposait que la secte « prône
théoriquement dans ses écrits la pédophilie et l’inceste ».
La secte n’est pas la bienvenue en Suisse, même si elle dispose d’un siège
mondial à Genève : le canton du Valais (sud-ouest) a refusé en février une
autorisation de séjour au Français Claude Vorilhon, alias Raël.
Le service de l’état civil et des étrangers du canton avait indiqué redouter
des troubles à l’ordre public du fait de la présence du gourou de la secte.
Notant que Raël « prône la liberté sexuelle absolue (…) de nature à
provoquer des dérives sexuelles à l’égard d’enfants mineurs », le canton a jugé
de sa responsabilité de « prendre toute mesure de nature à ne pas favoriser la
propagation de messages contraires à l’ordre public suisse et à la protection de
la morale au sens de la Convention européenne des droits de l’Homme ».
Le canton avait également rappelé que la secte prône le clonage, une
pratique interdite en Suisse.
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161657 AOU 07