Sa « découverte » a été « voulue par Dieu », écrit-il sur son site Internet. Mais pour la mettre en œuvre, il semblerait que le Fonds Josefa, présidé par Jean-Bernard Fourtillan, ait eu besoin de quelques monnaies sonnantes et trébuchantes… Démantelés ce jeudi par les autorités sanitaires, les essais cliniques menés sur des patients Alzheimer et Parkinson, n’étaient pas seulement illégaux et dangereux pour la santé : ils étaient, selon nos informations, également payants.
La Miviludes, organisme de lutte contre les dérives sectaires, a en effet reçu en février, un signalement en ce sens. Un proche d’une personne touchée par Parkinson lui écrivait et s’interrogeait sur des « patchs » proposés par le Fonds à des patients contre la somme de 1 500 €.
Ces patchs de Valentonine, un dérivé de la mélatonine, auraient été clandestinement testés, d’après l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), sur au moins 350 personnes par le Fonds Josefa lors de séjours en partie organisé dans l’abbaye Sainte-Croix, située près de Poitiers (Vienne). Le gendarme du médicament, outre l’interdiction immédiate de ces essais, a saisi la justice.
La Miviludes avait, elle aussi, reçu plusieurs alertes qu’elle a transmises aux autorités compétentes. La première en novembre 2018. Elle portait sur une levée de fonds organisée pour « financer un médicament en cours de développement » par le Fonds Josefa, une structure dont le président est le Pr Fourtillan et le vice-président, Henri Joyeux, un médecin connu pour ses positions controversées sur les vaccins.
« Ce qui nous a interpellés, c’est le mélange étrange entre l’approche religieuse et scientifique de la santé », note Anne Josso, la secrétaire générale de la Miviludes. La deuxième a eu lieu quinze jours plus tard, émise par un médecin qui s’inquiétait de ce traitement soi-disant « innovant » dont il n’avait jamais entendu parler.
La troisième date de février et livre des détails sur les méthodes de recrutement de l’association. L’approche des patients se serait faite, en partie, lors de conférences faisant salle comble, où des médecins et des patients étaient invités. A l’entrée, chacun était prié de laisser son téléphone portable dans des casiers. « Il nous a été indiqué que des modèles de patchs circulaient au cours de ces réunions », reprend Anne Josso. Il semblerait aussi que le professeur Fourtillan ait contacté lui-même et à plusieurs reprises des médecins proches des milieux catholiques afin de leur présenter son patch. L’intéressé, que nous avons tenté de joindre, n’a pas répondu à nos sollicitations.