Petites économies, grandes conséquences ? En décidant de fusionner la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) avec le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) dépendant du ministère de l’Intérieur, l’exécutif prend un risque. Le démantèlement d’un tel service transversal est un acte fort, surtout s’agissant d’une Miviludes qui a fait ses preuves, au point d’être une référence en la matière sur le plan international. Ce n’est pas si fréquent.

Dans cette affaire, le gouvernement a agi en catimini, alors que ce sujet, grave, aurait mérité que le rattachement de la Miviludes à la place Beauvau soit expliqué. Ce qui laisse libre cours aux pires soupçons et rumeurs. Le non-remplacement du président Serge Blisko, parti à la retraite il y a un an, témoigne d’une décision programmée de longue date. Espérons que l’État n’aura pas à en s’en mordre les doigts et que, dans quelques années, au détour d’un fait divers lié à un phénomène sectaire, les responsables d’alors n’auront pas à regretter une décision que ne justifient pas des raisons financières. Le budget de la Miviludes, en effet, s’élève à 500 000 €…

Transférer la lutte contre les mouvements sectaires au ministère de l’Intérieur est d’autant plus surprenant que les services de la place Beauvau sont surchargés. De plus, leur mission sécuritaire implique qu’ils privilégient l’action courte et urgente. Sur ce plan, la lutte contre la délinquance et la radicalisation, surtout en ces temps où sévit le terrorisme, écrasera les sujets sectaires. Lesquels méritent d’être connus au-delà de la répression pour mieux être combattus.

Le gouvernement aurait envoyé un message clair en rattachant le Comité interministériel de prévention de la radicalisation à Matignon, aux côtés de la Miviludes. Autant de sujets qui impliquent une concertation ne pouvant être gérée depuis une place Beauvau aujourd’hui grandement fragilisée.

200 000

Soit le nombre de personnes qui appartiendraient à des mouvements sectaires en France. La Miviludes, qui a reçu 2 800 signalements en 2018, recense une centaine de mouvements actifs, avec 1 500 structures locales (réparties sur tout le territoire)..

source : lalsace.fr Thierry GACHON