TORONTO (PC) – Un Témoin de Jéhovah qui a agressé sexuellement sa propre fille a été condamné lundi à une peine de deux ans moins un jour, qu’il devra purger dans la communauté. L’affaire met en lumière la façon dont ce mouvement traite les plaintes pour agression sexuelle en son sein.

La victime, Vicki Boer, a estimé que cette condamnation devrait obliger les Témoins de Jéhovah à affronter leurs lacunes en ce qui concerne les plaintes pour agressions. "Pour la première fois, quelqu’un m’a crue", a dit Mme Boer en parlant du juge. Les anciens n’avaient jamais eu à rendre de comptes, a-t-elle ajouté, en entrevue depuis Fredericton.

En juin, Gower Palmer a plaidé coupable à un chef d’accusation d’agression sexuelle en Cour supérieure de l’Ontario à Orangeville. Mais le tribunal a constaté qu’il avait agressé sa fille en au moins cinq occasions distinctes, a dit le procureur Eric Taylor.

Ce dernier réclamait du juge Emile Kruzick une peine d’emprisonnement d’environ trois ans. Mais en imposant une peine moindre à l’accusé, le juge a expliqué que Gower Palmer avait déjà été puni après avoir fait l’objet d’une poursuite civile. Il sera aussi inscrit sur une liste de délinquants sexuels et devra suivre une thérapie.

Bien que la loi interdise normalement d’identifier une victime d’agression sexuelle, Mme Boer souhaitait que la population connaisse son nom. "C’est une bataille que je mène non seulement pour moi-même, mais pour d’autres enfants", a dit cette femme aujourd’hui mariée et mère de trois fillettes pré-adolescentes.

Mme Boer, qui est âgée de 34 ans, a été agressée alors qu’elle avait entre 11 et 14 ans. Plutôt que d’aviser les autorités, les anciens lui ont plutôt dit de ne pas signaler les agressions ni solliciter d’aide extérieure, a-t-elle affirmé. Et selon elle, ils l’auraient aussi forcée à participer à une confrontation avec son père pour lui permettre de se repentir de ses péchés, un processus qu’elle a trouvé traumatisant.

Un porte-parole des Témoins de Jéhovah, Mark Ruge, a contesté les affirmations de Mme Boer selon lesquelles les Témoins ont tenté de régler le problème à l’abri des regards indiscrets d’autorités extérieures, et a assuré que le mouvement respecte la loi en ce qui a trait aux signalements aux services d’aide à l’enfance.

© La Presse Canadienne, 2005