Des enquêteurs se rendent à la ferme de Ruinerwold, dans la province de Drenthe aux Pays-Bas, le 18 octobre. 

LETTRE DE BRUXELLES

C’était une histoire un peu dingue, avec tous les ingrédients pour une bonne série télé estampillée « Europe du nord ». Mercredi 16 octobre, elle a connu un succès médiatique planétaire. Avec, au départ, pas mal d’approximations : aux Pays-Bas, le nom de suspects ou de prévenus n’est, en principe, pas divulgué et la police, tout comme la justice, diffuse les informations au compte-gouttes, avec de rares prises de parole.

Au bout de quelques jours, on parvient à savoir un peu plus précisément ce qui s’est déroulé dans ce coin de campagne, perdu dans la province de Drenthe, au nord-est du royaume. Le décor : une ferme isolée au bout d’un chemin cahoteux. Les protagonistes : une famille apparemment claquemurée depuis neuf ans dans un réduit, un père de famille malade et un mystérieux locataire autrichien roulant dans un vieux break Volvo. Autrichien ? De quoi pimenter l’affaire et réactiver le souvenir de la jeune Autrichienne Natasha Kampusch, enlevée à 12 ans, enfermée dans une cave et parvenant à s’échapper en 2006, au bout de huit années de captivité.

Un escroc sans scrupule

Cette fois, c’est Jan, un garçon de 25 ans qui est au cœur d’un épisode ayant attiré les médias du monde entier. Les envoyés spéciaux – certains munis de drones – ont rapidement découvert le village de Ruinerwold et la ferme du mystère, juxtaposition de trois bâtisses de bois et de briques, aux façades mangées par la végétation.

Jan, visiblement mal soigné et désorienté, se présente il y a quatre semaines à De Kastelein, l’un de ces « cafés bruns » typiques des Pays-Bas, avec des murs en bois teints par les fumées de tabac. Il enchaîne cinq pintes de bière, attirant l’attention de Chris Westerbeek, le patron du bar. Au bout de la troisième visite de ce mystérieux client, installé à la terrasse alors qu’il pleut des cordes, Chris alerte la police.

En poussant une armoire, elle découvrira dans la ferme la « famille fantôme », passée totalement sous tous les radars jusqu’alors. La police, la municipalité, les écoles avaient perdu la trace de tous ses membres, ce qui pose quelques questions pour l’instant sans réponse.