par Jean-Jacques Bozonnet – Huit jeunes Milanais accusés d’avoir sauvagement assassiné trois de leurs amis et poussé un quatrième au suicide ont-ils agi sous l’influence du diable ? Au cours de l’audience préliminaire de leur procès, jeudi 13 janvier à Busto Arsizio, dans la région de Milan, l’avocat de l’un d’eux a souhaité l’audition d’un exorciste, comme en d’autres matières judiciaires on requiert un expert. Pour le défenseur, qui y voit une circonstance atténuante, seule une "inspiration démoniaque" a pu conduire ce groupe de sept garçons et une jeune fille à commettre des crimes aussi barbares.

Les "bêtes de Satan" – nom du groupe auquel appartenaient ces jeunes, âgés aujourd’hui de 23 à 30 ans – ont reconnu, pendant l’instruction, être liés par un pacte diabolique. C’est dans le cadre d’un rituel sectaire qu’ils auraient accompli le "sacrifice" de leurs amis, à la fin des années 1990. L’affaire a éclaté, il y a un an, avec la découverte du corps, à demi enterré dans un jardin, près de l’aéroport de Milan-Malpensa, d’une jeune femme de 27 ans, Mariangela Pezzota. Elle était l’ancienne petite amie d’Andrea Volpe, 27 ans, considéré comme le gourou des "bêtes de Satan". Ce passionné de musique heavy metal avait créé un groupe de rock, Circus of Satanis, autour duquel gravitaient tous les protagonistes de l’affaire.

C’est à la sortie d’un concert que le chanteur du groupe, Fabio Tollis, et son amie Chiara Marino, alors âgés de 16 et 19 ans, avaient été vus pour la dernière fois, un soir de janvier 1998 à Milan. Six ans plus tard, leurs corps ont été retrouvés dans un bois proche des pistes de Malpensa. Les deux adolescents avaient été achevés à coups de couteaux et de pelle. Les détails ne manquent pas, Andrea Volpe a choisi de se repentir et ses complices présumés ne nient pas les faits. La justice attribue aussi aux "bêtes de Satan" le suicide d’un autre de leurs camarades, Andrea Bontade, lancé à 180 km/h au volant de sa voiture sous l’emprise d’un cocktail d’alcool et de drogue.

Lors de l’audience préliminaire, les accusés ont soutenu sans émotion apparente, et sans exprimer de regrets, le regard douloureux et accusateur des parents de leurs anciens amis et camarades de classe. Les débats diront à quel point ils ont été des "bêtes", mais selon le procureur de la République, qui a rejeté la requête "déconcertante" de la défense, Satan n’a rien à y voir, et aucun exorciste ne sera cité à la barre. "La possession démoniaque n’appartient pas au système judiciaire", a-t-il tranché, avant de renvoyer les accusés en cour d’assises.