DEPUIS LES ÉMEUTES de novembre, l’Eglise de scientologie est omniprésente dans les cités, à travers l’action de plusieurs associations qui vont à la rencontre des habitants.

Cette offensive inquiète les associations de lutte contre les sectes. Ils surfent sur les thèmes de société et les sujets liés au malaise des banlieues : drogue, discrimination, logement, chômage… On les croise sur les marchés, distribuant des livrets sur les dangers de la drogue chez les jeunes. Après le Val-Fourré (Yvelines), Meaux (Seine-et-Marne), les Tarterêts (Essonne), l’association Non à la drogue, oui à la vie, une émanation de l’Eglise de scientologie, était hier midi aux Grandes-Bornes à Goussainville.

La semaine prochaine, ils iront dans le Val-de-Marne, puis à Grigny (Essonne) et Argenteuil. « La Scientologie a compris depuis deux-trois ans qu’il était bon pour son image d’aller sur les lieux de détresse humaine, explique Jean-Michel Roulet, le président de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires). On les a vus après le tsunami et l’ouragan Katrina.

A la fin des émeutes, ils se sont précipités dans les banlieues. » Outre Non à la drogue, oui à la vie, trois autres associations interviennent dans les cités. Toutes précisent sur leurs brochures être parrainées et financées par l’Association internationale des scientologues mais se gardent bien d’en souffler mot aux personnes abordées. L’Association internationale des jeunes pour les droits de l’homme distribue DVD et brochures sur les discriminations. On a vu, après les émeutes, des équipes en veste jaune déferler à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et proposer des cours de soutien scolaire à domicile et une aide à la rédaction de CV. Mi-novembre, pour la Journée internationale des droits de l’enfant, toujours à Aulnay, les scientologues présentaient leur clip vidéo comme un message de paix et d’espoir.

Une autre association, Criminon, approche les familles de détenus à la sortie des parloirs pour les encourager à envoyer leurs brochures à leurs proches. « On est partout, là où il y a des jeunes touchés », justifie l’Eglise de scientologie, « mais on n’a pas besoin de cela pour faire du prosélytisme ».

Ce regain d’activité inquiète la Miviludes et les associations de lutte contre les sectes. « Cibler des endroits de vulnérabilité sociale est le propre de tout mouvement sectaire », détaille Catherine Picard, présidente de l’Unadfi (Union nationale des associations de défense des familles et des individus). Tous appellent à la vigilance.

Les associations ne sont pas les seules à s’inquiéter. Mardi soir, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a alerté les médias au sujet des messages provenant d’une des associations de l’Eglise de scientologie.

Emeline Cazi
Le parisien 20 avril 2006