L’école hôtelière Dosnon, liée à l’Opus Dei, sera jugée en septembre à Paris. En cause: «manipulation mentale» et «conditions de travail abrutissantes».

Le tribunal correctionnel de Paris jugera les 22 et 23 septembre pour des faits de travail dissimulé, une association liée à l’Opus Dei, la puissante organisation catholique conservatrice. Les avocats des parties disent n’avoir connaissance d’aucune procédure de ce genre «ailleurs dans le monde», ce qui en ferait le premier procès au monde impliquant une association liée spirituellement à l’Opus Dei. C’est une jeune femme, Catherine Tissier, qui est à l’origine de la procédure. Elle est entrée à l’école hôtelière Dosnon, liée à l’Opus Dei et installée dans un château à Couvrelles, près de Soissons (Aisne), en 1985, à l’âge de 14 ans. Elle y a ensuite contracté des vœux et est devenue «numéraire auxiliaire», chargée des tâches domestiques.

«Il y avait interdiction d’en parler aux parents»
Elle reproche à divers organismes, associations ou famille qui selon son avocat, M e Rodolphe Bosselut, «dépendaient exclusivement de l’Opus Dei», de l’avoir obligée à travailler tous les jours de 7heures à 21heures, week-end compris, sans jamais prendre de vacances, ni être valablement payée. Dans la plainte qu’il a déposée fin 2001, son avocat dénonce «une manipulation mentale», des «conditions de travail abrutissantes» et une «situation de dépendance économique ».

À l’issue de neuf ans d’enquête, la directrice de l’école hôtelière, Claire de Ségonzac, et Agnès Duhail, responsable du centre d’application (zone de travaux pratiques de l’établissement privé), sont poursuivies pour «rétribution contraire à la dignité». L’Association de culture universitaire et technique (ACUT) est poursuivie en qualité de personne morale.

Thierry Laugier, l’avocat de l’ACUT minimise les liens de l’association avec l’Opus Dei : «Le seul boulot des prêtres de l’Opus Dei au sein de l’école est d’assurer les messes, les méditations et les prêches.»
Il «conteste» également les accusations portées par Catherine Tissier. «Il n’y a rien du tout dans ce dossier. Elle a été rémunérée conformément à ce qu’elle faisait».

«On m’a confiée à une “préceptrice”, qui était en fait une “directrice de conscience”», se remémore aujourd’hui Catherine Tissier, toujours troublée à l’évocation de ce passé qui la hante. Ils m’ont amenée à pratiquer, je suis rentrée dans le système, Il y avait interdiction d’en parler aux parents.»
Source : Le LE COURRIER PICARD / Mercredi 29 Juin 2011
AISNE