Par Barry JAMES

–  l’une
concerne le rôle qu’y jouera l’Opus Dei, une puissante organisation conservatrice catholique aussi appelée "l’Oeuvre".

L’Opus Dei (Oeuvre de Dieu), qui compte 80.000 membres à travers le monde, essentiellement des laïcs, est aussi surnommée "la pieuvre de Dieu" en Espagne
où elle a été fondée en 1928 et où elle a joué un rôle politique majeur dans la période du franquisme et de l’après-franquisme.
Deux des 115 cardinaux électeurs du prochain pape, le Mexicain Julian Herranz et le Péruvien Juan Luis Cipriani Thorne, appartiennent à l’Opus Dei.

Mais ce chiffre ne reflète pas le rôle que "l’Oeuvre" joue au Vatican. Si d’autres groupes conservateurs, comme les Légionnaires du Christ ou Communion et Libération, bénéficiaient de l’appui du pape défunt, l’Opus Dei est le seul à qui Jean Paul II a accordé en 1982 le statut – unique dans l’église catholique – de Prélature personnelle.

L’Opus Dei est ainsi devenu un diocèse sans territoire, régi à la fois par le droit canon et ses propres statuts et ne rendant compte qu’au pape. L’organisation jouit de la confiance du cardinal Camillo Ruini, vicaire de Rome et président de la conférence épiscopale italienne. Le cardinal Ruini, présenté comme un possible "papabile", a engagé l’an dernier la procédure de
béatification du deuxième dirigeant de l’Opus Dei, Mgr Alvaro del Portillo. Jean Paul II avait canonisé son fondateur, Jose Maria Escriva de Balaguer, en 2002, 27 ans seulement après sa mort, lors d’une célébration à laquelle assistaient plus de 40 cardinaux. En 1998, le pape a aussi accordé à l’Oeuvre une université théologique à Rome, placée au même niveau que laprestigieuse université grégorienne tenue par les jésuites.
De tels signes de confiance donnent à l’Opus Dei des arguments pour rejeter les étiquettes d’organisation manipulatrice, secrète ou sectaire qui lui sont apposées, même de l’intérieur de l’Eglise catholique.

Les membres de l’Opus Dei sont encouragés à rechercher la perfection spirituelle dans leur vie quotidienne et dans leur travail. Les "numéraires", le noyau dur de l’organisation, sont recrutés dans les milieux cultivés et éduqués et incités à occuper un rôle important dans leur domaine. Ils font voeu de chasteté et d’obéissance, pratiquent la mortification corporelle (flagellation) au moins une fois par semaine et vivent en communauté selon des règles strictes avec d’autres membres de "l’Oeuvre". Dans le passé, des évêques s’étaient inquiétés du prosélytisme agressif de l’Opus Dei sur les campus universitaires et de ses entreprises pour couper les adeptes de leur famille.

Tout en se présentant comme une organisation de laïcs, l’Opus Dei compte ses propres prêtres qui confessent et accompagnent spirituellement les membres. Au Vatican, le porte-parole, Joaquin Navarro-Valls, est membre de l’Opus Dei. Julian Herranz, président sortant de la commission disciplinaire de la Curie romaine et membre de plusieurs congrégations, est connu pour inviter d’autres prélats à de fréquentes rencontres dans une villa romaine appartenant à l’Opus Dei. Selon les observateurs, l’Opus Dei est le seul groupe organisé suffisamment
influent pour jouer un rôle durant le conclave.
Le Vatican a récemment confié à l’archevêque de Gênes, Tarcisio Bertone, le soin de combattre les hérésies contenues dans "Da Vinci Code", le best-seller de Dan Brown dans lequel un évêque de l’Opus Dei commande à un moine de l’organisation (qui ne compte pas de moines) de commettre des meurtres.

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120931 AVR 05