C’est le Conseil supérieur de l’audiovisuel qui a tiré la sonnette d’alarme : une vingtaine de chaînes de télévision locales ont diffusé à leur insu des spots provenant des Scientologues.
C’est un spot tout ce qu’il y a de plus anodin. Avec, évidemment, un thème fédérateur : le football. On y voit un petit garçon laissé à l’écart lors d’un match. Il décide alors de montrer ce qu’il sait faire et marque un but impressionnant. Morale de l’histoire : « Ne faites pas de discrimination ».

C’est cette bluette qu’une vingtaine de chaînes locales et régionales de l’Hexagone ont diffusé ces derniers mois. Son auteur : « l’Association internationale des jeunes pour les Droits de l’Homme », une « filiale » de l’Eglise de scientologie qui ne cache pas son origine… mais qui ne l’annonce pas très clairement non plus. Au terme du clip apparaît l’adresse d’un site Internet dont le contenu fait référence à l’Eglise de Scientologie.

Mention discrète

« C’est là tout le problème s’indigne Jean-Michel Roulet, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), interrogé par lefigaro.fr. Leur tactique est perverse, ils avancent masqués ». Faux, réplique Agnès Bron, des relations publiques de l’Eglise de scientologie. « Il y a un grand mensonge autour de ces clips. La mention de notre contribution était clairement inscrite sur le DVD envoyé aux chaînes », assure-t-elle au figaro.fr. Un argument que balaye le président de la mission interministérielle : « C’est comme les lignes en petits caractères dans les contrats d’assurance, c’est mentionné mais c’est discret ».

Après avoir été alerté par un téléspectateur du sud-ouest, le président de la Miviludes constate qu’effectivement, plusieurs chaînes diffusent les clips vidéo de « l’Association internationale des jeunes pour les Droits de l’Homme ». « Sans en connaître l’origine », estime-t-il. Il décide alors de prendre les choses en main. Et écrit, le 22 février au Conseil Supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour signaler l’envoi à plusieurs médias « de différents messages vidéos assurant la propagande indirecte de ce mouvement sectaire ».

« Se racheter une virginité »

Le 4 avril, le CSA décide d’informer les télévisions et les radios sur « les liens existants entre cette association et l’Église de scientologie ». D’après le conseil, l’association concernée « aurait tenté, à l’occasion de journées consacrées à des grandes causes humanitaires (la Journée de l’enfant et la Journée internationale des droits de l’homme), de faire diffuser gratuitement par des services de télévision trois courts messages sur les thèmes de la Déclaration universelle des droits de l’homme, de la discrimination, de la liberté de pensée et de la liberté d’expression ».
Interrogée, Catherine Picard, présidente de l’Union Nationale des Associations de Défense des Familles et de l’Individu Victimes de Sectes (Unadfi) tempête contre les méthodes de la scientologie qui veut ainsi « se racheter une virginité » : « Ce mouvement est sectaire, ne l’oublions pas. Ce genre d’opération n’est qu’une vaste opération marketing lancée pour se racheter une respectabilité. Il va toujours là où est le désarroi », déplore-t-elle.

le figaro 21 avril 2006 Charlotte Menegaux