DANIEL GROSCOLAS, président du Centre contre les manipulations mentales Roger-Ikor

Constatez-vous une recrudescence du satanisme en France ?
Daniel Groscolas. Il est très difficile d’évaluer le phénomène dans la mesure où il n’y a officiellement pas de groupes satanistes organisés en France. L’Eglise de Satan n’a aujourd’hui qu’une dizaine de membres affiliés et actifs en France.
Pour autant, tout semble indiquer une recrudescence du satanisme auprès des jeunes. Nous recevons notamment de plus en plus d’appels de parents ou de chefs d’établissement. Il s’agit de jeunes non structurés, qui se constituent en petits groupes et se mettent à pratiquer un satanisme de bric et de broc, à partir d’éléments piochés sur le Net, dans des films, des bandes dessinées… Ce phénomène est très préoccupant car ces jeunes constituent un vivier de choix pour des groupes sectaires moins folkloriques, eux, mais plus dangereux.

Quels sont les signes qui doivent alerter ?
S’il ne faut pas faire l’amalgame entre satanistes et gothiques, un changement vestimentaire, avec le noir comme seule couleur de référence, doit inciter les parents et les enseignants à se poser des questions. L’attrait soudain pour les formes les plus dures du rock metal, les films d’épouvante, le vampirisme, une fascination pour les emblèmes païens, les tenues militaires, les croix celtiques, la présence répétée de scarifications et le refuge dans des écrits sublimant la mort sont autant de signaux d’alerte. La rupture avec le milieu familial et scolaire est également un indicateur à prendre très au sérieux. La plupart des jeunes satanistes étaient en effet souvent des élèves assez brillants dont les résultats scolaires se sont effondrés du jour au lendemain.

Comment faut-il réagir ?
En dialoguant. Le satanisme n’est très souvent chez ces jeunes que l’expression d’un mal de vivre. Il est le reflet de notre société qui souffre d’une perte des valeurs et qui n’a plus aucune utopie à proposer à ses enfants. Ce n’est qu’en renouant le dialogue – même si cela n’exclut pas de poser des interdits – que les parents pourront prendre conscience du mal-être de leur enfant et tenter d’y répondre. S’ils se sentent dépassés par la situation, ils ne doivent pas hésiter à consulter un tiers, que ce soit un thérapeute ou une association de lutte antisectes.