Nous savons tous que le harcèlement est condamné par la loi de nos démocraties et ce à juste titre. Qu’il soit mental, psychologique ou moral, il reste une parfaite anomalie. En France, la secte qualifiée (à tort ou a raison) comme étant la plus dangereuse au plan mental (les Témoins de Jéhovah) est une adepte du harcèlement. Les scientologistes (de la Scientologie) n’en sont d’ailleurs guère éloignés. Dans ce triptyque désigné en titre, le harcèlement est ce qu’il y a de pire. Quand il est appliqué à l’Évangile par ceux qui sont censés représenter Jésus-Christ, on peut dire qu’il s’agit d’une excroissance maligne du message du Christ: «Vous serez mes témoins». Pourtant, même dans les milieux évangéliques, la tentation du harcèlement peut pointer son triste nez. Il faut la refuser toujours et tout le temps. Prêcher à un auditoire que refuser Jésus comme Sauveur personnel conduit en enfer est vrai; mais lorsque l’enfer devient un moyen de pression psychologique pour obliger les gens à se convertir, on est passé du meilleur au pire, et cela, il nous faut toujours le refuser!

Le prosélytisme? Jésus n’est pas tendre avec les gens de la religion juive qui pratiquaient un prosélytisme acharné et zélé: «Vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte; et quant il l’est devenu, vous en faites un fils de la géhenne deux fois plus que vous» (Matthieu 23.15)! Je dirai qu’il s’agit là du prosélytisme religieux que Jésus décrit comme frappé d’inutilité chronique; en effet, loin d’atteindre des buts spirituels et éternels, il mène les nouveaux adeptes à entrer dans un système humain, religieux qui ne conduit nulle part. Il faut noter aussi que de tout temps et depuis toujours, toutes les religions ont pratiqué le prosélytisme, et c’est normal! D’ailleurs, au-delà de l’aspect religieux, quand on a un idéal (politique, social, économique etc.) on a envie de le partager, et cela ne gêne personne. On comprend donc très mal la notion péjorative qui est donnée aujourd’hui au mot «prosélytisme» que notre société, nos contemporains et certains journalistes confondent allègrement avec le harcèlement. Le prosélytisme décrit ici par Jésus, c’est une «évangélisation» qui aurait avorté, en quelque sorte.

Enfin l’évangélisation! Jésus déclare à ses disciples: «Vous serez mes témoins (…) jusqu’aux extrémités de la terre» (Actes 1.8); les esprits mal intentionnés (si tant est qu’il y en ait parmi nos lecteurs) peuvent traduire cet ordre divin par «Harcelez les gens jusqu’à ce qu’ils se convertissent»; bien entendu Jésus n’a jamais dit une chose pareille. On peut aussi traduire ce texte un peu naïvement par «Faites comme les autres religions, du prosélytisme basique, des adeptes de votre chapelle»! Pourtant ce n’est pas ce que Jésus déclare. Il donne ici le coup d’envoi de l’évangélisation du monde. Évangéliser c’est donc un prosélytisme positif, un partage joyeux et libre de ce qui a bouleversé notre vie, à savoir l’Évangile de Jésus-Christ! Ceux et celles qui s’enflamment et déclarent que les évangéliques sont des adeptes d’un prosélytisme agressif, devraient relire l’ordre de Jésus et découvrir en fait qu’il s’agit, dans tout le contexte biblique, d’une évangélisation enthousiaste et joyeuse. D’ailleurs tout le reste (harcèlement psychologique, menaces, prosélytisme religieux,) est inutile et condamnable à terme.

Le harcèlement, c’est être en possession d’un supposé trésor et vouloir obliger les autres à constater qu’il s’agit bien d’un trésor et ce par tous les moyens!

Le prosélytisme négatif, c’est avoir un trésor, promettre de le partager avec les autres et ne jamais le faire. 

L’esprit de l’évangélisation, c’est le partage d’un trésor magnifique avec des gens qui sont pauvres, étant  bien entendu que ces derniers ont parfaitement le droit de vouloir rester pauvres, c’est dommage, mais respectable.

Évangélisons, c’est le destin et la vocation des chrétiens (toutes dénominations confondues), refusant aussi bien un prosélytisme négatif que la tentation du harcèlement sous n’importe laquelle de  ses formes.

Samuel Foucart

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