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jeudi 19 novembre 2009

Franck Meynial}}

Au terme d’un peu plus de trois heures de délibéré, le verdict est tombé, fidèle aux réquisitions. Patrick Virion a été condamné à 14 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de la Corrèze pour le viol de sa fille Sophie. La justice lui a aussi imposé un suivi socio-judiciaire avec injonction de soins d’une durée de 5 ans. Le nom de Patrick Virion sera inscrit au Fichier national des délinquants sexuels (Fijes).
Rebâtir sur des ruines. Un véritable soulagement pour une famille traumatisée, et surtout pour la victime, Sophie, qui a subi pendant des années l’emprise de son père avec lequel elle a eu trois enfants. Son frère, Laurent, a confié sa satisfaction aux médias : « Les objectifs sont remplis. J’espère que mon père en fera bon usage. J’espère aussi qu’on pourra rebâtir sur le champ de ruines. On va continuer d’avancer, encore mieux. »

« L’autorité parentale, c’est le socle de notre organisation familiale. Et Patrick Virion a utilisé tous les attributs de l’autorité parentale pour obtenir de sa victime qu’elle cède », avait argumenté Me Dominique Val en matinée. Au cours de sa plaidoirie limpide et implacable, le bâtonnier de Tulle a décrypté puis dénoncé cette autorité abusive représentée par « la fessée déculottée ou les films qui sont le summum de la perversion » de l’éducation : « Ces agissements étaient enrobés du sucre de l’éducation pour que ça passe mieux ».

« On sait qu’une des conséquences de l’inceste, c’est le silence », a-t-elle ajouté, concluant son propos sur le fait que « l’incapacité de résister n’a jamais été du consente- ment. À l’arrivée, c’est lui que vous jugerez, c’est elle que vous réparerez ».

Concis et efficace, l’avocat général n’a eu cesse de dénoncer l’utilisation « d’une contrainte morale d’une rare intensité » de l’accusé. Employant la terminologie sectaire (gourou, communauté?) utilisée par les uns et les autres tout au long des trois jours de ce procès, Étienne Manteaux a repris les principales caractéristiques du mouvement sectaire pour les comparer au cas Virion.

Pour cela, il s’est appuyé sur le travail de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Chef charismatique, vérité détenue par la secte, isolement de l’adepte, exclusion de ceux qui n’adhèrent pas et manipulations mentales à des fins économiques et sexuelles constituant le socle d’une secte, l’avocat général a trouvé « une concordance parfaite » avec l’accusé. Ce qui lui a fait dire que « le gourou a tissé sa toile en manipulant mentalement l’élue ». « Elle était devenue une esclave sexuelle, vous lui avez volé quatorze ans de sa vie », a-t-il ajouté. Avant de réclamer une sentence équivalente aux années de calvaire de Sophie.