Y a-t-il un problème de sectes en Algérie? A en croire le ministère des Affaires religieuses, le phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur dans notre pays. On en dénombre une dizaine.
D’essence occultiste et millénariste, mais s’inspirant avant tout des préceptes du christianisme, ces communautés secrètes évoluent à l’ombre de l’évangélisation traditionnelle. Elles ont des ramifications partout dans le monde et leurs adeptes se recrutent dans les catégories sociales les plus vulnérables, y compris dans les milieux artistiques et militants. Leur danger est que leurs membres s’adonnent à des pratiques d’endoctrinement qui peuvent être suicidaires et violentes et peuvent, en conséquence, être exploitées par des organisations à caractère politico-idéologiques. Dans certaines régions du monde arabe où le satanisme continue à faire des émules, l’on redoute ce type de connexions dangereuses avec des groupes terroristes qui y pullulent et dont la structure même ressemble fortement à celle des sectes millénaristes. Même s’il faut rappeler que dans l’histoire de l’Empire musulman, des ordres ésotériques pratiquant la sédition et la violence politique ont toujours existé (l’ordre des Assassins au XIIIe siècle).
Cela peut arriver chez nous. C’est pourquoi, les autorités ont raison de redouter ce phénomène des sectes et se doivent d’être vigilantes en plaçant des garde-fous juridiques, mais aussi culturels. En ce sens, la nouvelle loi sur la gestion du culte votée récemment peut contribuer à une meilleure prévention contre cette nouvelle forme de déliquescence sociale. Sauf que pour son application, il faudrait éviter de faire dans l’amalgame : éviter que des zélateurs islamistes, tapis dans toutes les institutions, n’en fassent un outil pour faire la chasse à tous les prêcheurs de la bonne parole chrétienne dans notre pays, ce qui est une remise en cause d’un droit constitutionnel (la liberté du culte) et, plus grave encore, pour accentuer le projet d’islamisation de la société et des institutions que d’autres s’attellent à imposer par d’autres moyens.