" LA MARQUE de la Bête. Elle obligea tous les hommes, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, à recevoir une marque sur la main droite ou sur le front, afin que nul ne puisse acheter ou vendre s’il ne possédait cette marque, qui est le nom de la Bête ou le chiffre de Son nom.

" En s’appuyant sur ce passage du Nouveau Testament, la droite religieuse protestante américaine mène une campagne vigoureuse contre les implants RFID (radio frequency identification), considérés comme l’oeuvre de Satan. Les publications et les sites Internet de nombreuses Eglises évangéliques mettent en garde les fidèles contre la tentation de se faire implanter : " Avec la technologie moderne, il est très possible que la Marque soit directement liée à une puce informatique (…).

Mais les Ecritures disent aussi : "Quiconque vénère la Bête et son image, et reçoit sa Marque sur le front ou sur la main, devra boire le vin de la colère divine (…) et sera tourmenté avec du soufre brûlant." Vous serez soumis à des pressions intenses pour vous conformer à l’exemple de ceux qui auront accepté la Marque.

La puissance satanique accomplira des miracles pour vous duper et vous inciter à la porter. Mais vous devrez refuser (…), votre salut éternel en dépend " (www. EvangelicalOutreach. org). Largement reprise par les stations de télévision et de radio religieuses américaines qui diffusent leurs programmes dans le monde entier, cette thèse a jeté le trouble dans l’esprit de nombreux croyants de toutes confessions. Certains groupes religieux radicaux passent déjà à l’action directe. Un peu partout aux Etats-Unis, ils organisent des manifestations et des actions commandos contre des entreprises et des supermarchés utilisant de simples étiquettes RFID sur leurs marchandises ou leurs cartes de crédit.

Pour ces activistes, l’arrivée des implants RFID représente le mal absolu, et ils se préparent à un combat acharné. De l’autre côté de l’éventail politique, des associations de défense des droits civiques et des mouvements libertaires et altermondialistes surveillent de près le déploiement des technologies RFID, et tentent de mettre en garde le public contre les dérives possibles. Ils craignent que les grandes entreprises et les administrations mettent peu à peu en place des systèmes de surveillance intégrale de la population, touchant tous les aspects de la vie publique, privée et professionnelle. Ils rappellent que l’Association américaine des vétérinaires gère un fichier centralisé à l’échelle nationale, répertoriant des millions de chats et de chiens porteurs d’un implant. Techniquement, rien n’empêche une entreprise d’en faire autant avec ses employés et ses clients, ou un gouvernement avec les soldats, les fonctionnaires, les repris de justice, les malades mentaux, et pour finir tous les assurés sociaux.

D’autres s’inquiètent des risques de piratage, car, en général, les implants sont dépourvus de toute protection. Des expériences de laboratoire ont montré qu’un hacker peut capter subrepticement le numéro d’identification d’un chip implanté avec un lecteur un peu puissant, puis l’enregistrer dans un autre appareil émetteur : il pourra ainsi simuler la présence de l’implant piraté, et se faire passer pour son propriétaire légitime. Il existe des implants cryptés, mais ils sont chers, et lisibles uniquement par des scanners spéciaux.

Pressentant l’émergence d’un nouveau marché, des sociétés de sécurité informatique et des inventeurs solitaires ont mis au point des cartes " anti-RFID ", qui brouillent les fréquences radio, neutralisant provisoirement les étiquettes et implants dans un rayon de quelques dizaines de centimètres.

Officiellement, les entreprises fabriquant ses systèmes restent à l’écart de ce débat, mais, en sous-main, leurs cabinets de relations publiques et leurs lobbyistes sont entrés dans la bataille, à la fois pour vanter les mérites de cette technologie et pour déconsidérer ses différents opposants par tous les moyens.