MONTREAL, 13 jan 2006 (AFP) –  Un rapport soumis au gouvernement fédéral du Canada recommande l’assouplissement des législations relatives à la polygamie pour mieux assurer la protection des femmes impliquées dans ce genre de situation, a annoncé vendredi une des auteurs de l’étude.

L’étude, commandée en mars 2005 par le département de la Justice et l’organisme gouvernemental Condition féminine Canada, suggère l’élargissement de la définition de conjoint "parce qu’il serait néfaste pour ces femmes de ne pas être prises en compte", affirme Martha Bailey, professeur de Droit à
l’Université Queens et principal auteur du rapport.

"Les femmes impliquées dans ce genre d’union sont les victimes, et nous ne voulons pas aggraver cela en ne reconnaissant pas leurs droits d’épouses", poursuit-elle.

Mme Bailey a jugé inefficace dans les faits une provision, rarement appliquée, du code pénal qui criminalise la pratique de la polygamie au Canada, sous prétexte qu’elle est contraire au principe de l’égalité des sexes et qu’elle a des conséquences néfastes pour les femmes et les enfants.

La polygamie est passible de cinq ans de prison au Canada.

"Nous avons des lois sur les abus commis contre les enfants et les femmes, et nous sommes pour une application vigoureuse" de ces textes, affirme-t-elle, notant que ce genre d’abus peut se produire dans toute sorte de familles.

Le rapport s’est surtout penché sur les unions polygames contactées dans des pays où cette pratique est autorisée. Les auteurs ne se sont intéressés aux sectes canadiennes qui pratiquent la polygamie que pour réclamer qu’elles soient aussi concernées par la décriminalisation, et non que leurs unions
soient légalisées.

L’année dernière, une enquête a été ouverte contre une secte dissidente de l’Eglise Mormon, établie à Bountiful, dans le sud-est de la Colombie britannique, où elle pratique la polygamie depuis plus de 50 ans.

Selon les chiffres officiels, le Canada a accueilli en 2004 quelque 238.800 immigrants, dont près de 50.000 sont originaires du Moyen-Orient ou d’Afrique où la polygamie est généralement autorisée.
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