Membre de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les mouvements à caractère sectaire, créée le 28 juin, Michel Hunault, député (UDF) de Loire-Atlantique, doit se laver du soupçon de frayer avec l’Eglise de scientologie. A l’origine de cette rumeur, un reportage sur l’organisation fondée par Ron Hubbard, qui doit être diffusé le 19 septembre sur La Chaîne parlementaire pour illustrer les travaux de la commission.

Les images ont été enregistrées le 12 juillet à l’occasion d’un colloque organisé à la Maison des polytechniciens, à Paris, par le Comité citoyen des droits de l’homme (CCDH), appendice de la scientologie.

Parmi l’assistance, environ quatre-vingts personnes, figurait la chanteuse lyrique Julia Migenes-Johnson : l’Eglise aime s’entourer de célébrités du show-biz, comme Tom Cruise, John Travolta ou le jazzman Chick Corea. Une autre de ses pratiques consiste à approcher élus et responsables politiques ou hauts fonctionnaires : le mouvement se sert ensuite des traces qu’il archive pour établir sa respectabilité.

Piégé, M. Hunault ? Les journalistes de LCP filment la fin de la conférence en attendant de s’entretenir avec le président du CCDH, Michel Grossmann. Lorsque celui-ci descend de la tribune, il se dirige vers le fond de la salle où se trouve M. Hunault. Ils échangent une poignée de main et engagent une brève conversation. Le député, tournant la tête, aperçoit la caméra. Il s’en va. La scène ne dure que quelques secondes. Elle est également enregistrée à l’aide d’un caméscope par un membre du mouvement.

L’"affaire" commence à enfler dans les couloirs du Palais-Bourbon. "Je trouve fort désagréable de devoir me justifier sur des liens supposés avec un mouvement sectaire, a assuré au Monde M. Hunault. En tant que membre de la commission juridique et des droits de l’homme du Conseil de l’Europe, je reçois des tas d’invitations. Ce jour-là, je suis passé à la Maison des polytechniciens pour prendre de la documentation sur ce CCDH. A l’accueil, on m’a dit que le responsable, je ne sais qui, voulait me voir pour me saluer. C’est tout." "Par mes votes et mes actions, j’ai toujours combattu les sectes", affirme le député.
le monde 16/09/2006 Patrick Roger