Après deux années d’attente, le Conseil d’Etat répond à un ennemi juré des scientologues, lequel demandait un meilleur contrôle. C’est la déception.

Jean-Luc Barbier est déçu par la réponse du Conseil d’Etat sur la scientologie. / BIST
Ancien «officier» de la secte, Jean-Luc Barbier, musicien et peintre, combat depuis vingt ans la scientologie. En 2003, il a obtenu une victoire dans le canton de Vaud. C’était un procès en diffamation gagné contre Suzanne Montangero, présidente de l’Eglise de scientologie de Lausanne. Mais une action politique enclenchée il y a deux ans vient de se solder par une grosse déception.

Le responsable de l’Association d’aide aux victimes de la dianétique et de la scientologie (AVDS), basée à Porrentruy, dénonçait des abus médicaux et exigeait «un contrôle de la scientologie et de sa thérapie». Le 28 septembre 2004, le Grand Conseil acceptait le renvoi de sa pétition à l’Exécutif. Jean-Luc Barbier a attendu deux ans pour obtenir une réponse qui vient d’être communiquée aux parlementaires.

«Il est toujours possible pour un patient de se tourner vers le médecin cantonal en dénonçant des abus dont il aurait été l’objet», déclare le Conseil d’Etat. Donc, inutile de prendre des mesures de contrôles renforcées à l’égard d’un mouvement dont «le caractère parfois vindicatif» est pourtant reconnu.

Le traitement infligé à sa pétition agace fortement Jean-Luc Barbier. «Le Conseil d’Etat vaudois ferme une nouvelle fois les yeux sur les pratiques médicales illégales de la scientologie et semble vouloir ignorer que des actes pseudo-médicaux sont imposés et présentent des risques pour la santé mentale et physique de nos concitoyens», lance-t-il, avant d’annoncer le lancement d’une nouvelle pétition, avec collecte de signatures.

Le Conseil d’Etat argumente. Deux rapports fédéraux concluent «qu’on peut renoncer à toute surveillance préventive du mouvement». Par ailleurs, «le canton n’est pas confronté à une situation où les mouvements sectaires ou extrémistes sur le plan religieux représenteraient une problématique particulièrement aiguë». Les scientologues, eux, réfutent la notion d’«abus médical» à propos de leurs «thérapies». Au mois de juin, Suzanne Montangero évoquait dans nos colonnes un «nettoyage du corps» et accusait le responsable de l’AVDS de vouloir «fermer la scientologie».

Autant d’affirmations qui ne convainquent pas Jean-Luc Barbier: «Lors d’un prochain drame concernant la scientologie, le Conseil d’Etat sera tenu pour responsable.» Il peut au moins se targuer d’une victoire judiciaire dans le Jura, où il a obtenu la condamnation à 500 francs d’amende, pour diffamation, de deux responsables suisses de la scientologie.

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PHILIPPE MASPOLI
Publié le 01 octobre 2006