Par une décision spectaculaire, la cour d’appel de Paris vient de porter un mauvais coup à la Scientologie, dont les pratiques sont souvent contestées devant les tribunaux. En 2002, le musicien belge Alain Stoffen avait porté plainte contre cette secte internationale pour escroquerie et extorsion en bande organisée, exercice illégal de la médecine et de la pharmacie.

En septembre 2006, la juge d’instruction Sylvia Caillard avait rendu une ordonnance de non-lieu. Mais, le 27 mars dernier, la 3e chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a ordonné la poursuite de l’information judiciaire en la confiant, cette fois, au vice-président du TGI de Paris, Jean-Christophe Hullin.

Les magistrats d’appel reprochent à Sylvia Caillard de ne pas avoir entendu tous les scientologues «susceptibles d’avoir participé aux faits et d’être mis en examen» et d’avoir ignoré les expertises psychiatrique et psychologique selon lesquelles Alain Stoffen était sous l’ «influence permanente» et la «pression du harcèlement» de la Scientologie, accusée d’avoir utilisé des «moyens violents» pour le faire céder, financièrement surtout. «C’est un désaveu cinglant pour le magistrat instructeur et pour le parquet, qui avait requis le non-lieu», se réjouit Me Olivier Morice, avocat d’Alain Stoffen et de l’Unadfi, une association de victimes de sectes.

Le nouveau juge d’instruction n’a pas été choisi au hasard: il est chargé de plusieurs affaires visant la Scientologie. L’une d’elles est toujours à l’instruction depuis vingt-quatre années et elle a connu bien des errements, comme, en 1998, la disparition, jamais élucidée, d’un tome et demi d’un dossier qui en comptait dix.

l’express