SAINT-TUGDUAL (Morbihan), 7 juin 2006 (AFP) – Après une série de profanations d’édifices religieux dans le Morbihan, un prêtre "démonologue" a été appelé par le diocèse pour expliquer "le satanisme" et appeler les catholiques à "resserrer les rangs".
Auteur d’ouvrages sur l’ésotérisme, le père Benoît Domergue a débuté mardi ses conférences dans le petit village de Saint-Tugdual, fortement choqué par l’incendie ayant dévasté, le 30 janvier, la chapelle Saint-Guen, classée monument historique.
Des symboles sataniques (croix à l’envers, chiffre 666, pentagramme) avaientété découverts sur ses murs et sur ceux de cinq autres chapelles, calvaire ou cimetières.
Quelques jours plus tard, les gendarmes interpellaient un couple d’une vingtaine d’années, mis ensuite en examen pour "dégradations de lieux de culte et destruction volontaire d’un bien par incendie".
Cinq mois après, à quelques km de la chapelle incendiée, une cinquantaine de personnes, majoritairement âgées, sont rassemblées dans l’église pour un "temps de relecture" avec le père Domergue.
Il leur montre, sur écran, une série de photos d’adolescents en scène dans des cimetières, d’extraits de films sur "l’antéchrist" ou de clips vidéos de groupe de musique heavy metal, afin de "resituer dans un contexte plus large" les évènements locaux.
La salle réagit vivement. Surtout à la vue des visages masqués des gagnants du dernier concours Eurovision, les musiciens du groupe "metal" finlandais Lordi, "très décalés" avec leurs cornes, griffes et dents acérées. Pédagogue, le prêtre précise que le qualificatif "metal" n’a rien à voir avec la métallurgie.
"Il faut dénoncer les oeuvres de Satan", explique le père Domergue, invitant les paroissiens à "resserrer les rangs" face à ce phénomène "qui n’est pas une mode, mais un courant".
Il insiste sur le fait qu’il ne fait pas le procès des jeunes, mais plutôt de la déferlante d’images violentes à laquelle ils sont soumis et de ceux qui les manipulent. "Aujourd’hui tout est tourné en dérision", explique-t-il, en montrant la jaquette d’un disque de Marylin Manson singeant la nativité. "Nous
on peut comprendre, relativiser, mais pas les jeunes".
"C’est la vulgarisation de ces choses, l’accoutumance, le mimétisme qui, de manière anodine, peuvent avoir un impact sur des jeunes qui ont des problèmes", témoigne-t-il.
Mais le prêtre tient à rassurer les paroissiens de Saint-Tugdual : "Vos parents, vos grands-parents se sont peut-être mariés dans cette chapelle, c’est un viol de la mémoire que vous avez subi. Mais, votre âme on n’y a pas touché.
Il n’y a que la toiture qui a brûlé".
"Est-ce que ce ne serait pas providentiel que cet évènement nous réveille de notre torpeur faite d’indifférence et d’hédonisme, qu’il nous oblige à faire sens", commente un des croyants dans la salle.
Si certains se posent la question de la censure, le directeur d’un petit cinéma propose, lui, d’organiser une discussion après la diffusion du film "Da Vinci code". "Ce serait un moyen de prendre de la distance", suggère-t-il.
D’ici la fin de la semaine, le père Domergue rencontrera le public à Lorient et Vannes ainsi que des éducateurs.