Les députés veulent mieux protéger les enfants

Le Groupe d’études sur les sectes de l’Assemblée organise le 30 mars un colloque sur l’enfance et les manipulations mentales, avec la participation du corps médical.

LES SECTES aiment les enfants. Ils sont des cibles privilégiées pour les acteurs de la manipulation mentale. Parmi les quelque 400 000 adeptes des mouvements sectaires (moins d’un millier), deux sur cinq ont «été approchés» lorsqu’ils étaient enfants. C’est ce constat qui a conduit le Groupe d’études sur les sectes (GES) du Palais-Bourbon à organiser pour la deuxième fois un séminaire annuel sur le thème « Sectes et enfance ». Il aura lieu à Saint-Priest (Rhône) le 30 mars. L’embrigadement des jeunes, «le plus souvent par l’intermédiaire de leurs parents», constitue «un investissement rentable puisqu’il assure la relève: les adolescents sont des vecteurs du prosélytisme sectaire à l’école et, plus tard, dans le milieu professionnel», explique au « Quotidien » Philippe Vuilque, député socialiste des Ardennes, président du GES. Les conséquences se révèlent dramatiques, «car l’appartenance à une secte cause des traumatismes. La secte isole, enferme, coupe l’enfant de son milieu, l’empêche de s’émanciper». C’est la porte fermée à une éducation qui a pour dessein l’épanouissement et le développement.

Evolution législative. A ce fléau, des réponses existent, mais il faut souvent les réactualiser en tenant compte de l’ubiquité des organisations sectaires, qui disparaissent un jour pour mieux réapparaître le lendemain sous une autre forme. La loi de 2001, qui donne aux associations de défense de la famille et de l’individu la possibilité de se porter partie civile lors de procès, apparaît comme un outil fiable dans la mesure où elle définit l’abus de faiblesse. Quiconque abuse d’une personne en situation de faiblesse passagère ou durable est condamnable, dit le législateur, qui entend lutter contre toutes les manipulations mentales.

«Cela dit, il est temps de faire évoluer la législation, dans un sens plus préventif, et peut-être plus répressif», estime Philippe Vuilque qui va déposer à l’Assemblée une proposition de résolution de commission d’enquête parlementaire sur le niveau d’infiltration sectaire dans la société française en 2006. Il faut comprendre qu’en la matière «nous sommes sur le fil du rasoir, entre liberté individuelle et religion». Les magistrats sont les premiers à pouvoir en témoigner tant leur tâche se révèle délicate, voire impossible. Alors que dire du rôle du médecin de famille, qui, dans l’exercice de ses fonctions, peut appréhender la mainmise d’une secte sur un jeune, au regard de troubles psychiques, par exemple ? Aussi est-ce avec modestie que Dominique Vuilque imagine que la journée du 30 mars, qui accueillera des médecins, pourrait contribuer à «garantir une meilleure protection de nos enfants» menacés par les sectes.