Des recommandations visent le gouvernement, plusieurs ministères, la justice, la police, la Sûreté, les soins de santé, la presse…
Il y a du pain sur la planche!
 

A côté des dispositions légales (lire en page 2), le groupe de travail, une fois le décevant constat posé, s’est attelé à formuler des recommandations pratiques qui, appliquées, permettraient de mieux circonscrire les sectes nuisibles. Nous en retenons quelques-unes, parmi plus de vingt, qui doivent être approuvées et présentées ce jeudi.
 
Côté fédéral, d’abord, on parle sensibilisation et formation des diverses autorités et services (parfois trop peu) concernés et accroître sensiblement collaboration et échange d’informations entre ces diverses instances, parquets, police et Sûreté compris. La sensibilisation (qui pourrait être assurée par le CIAOSN) doit être vaste, les indices annonciateurs de danger pouvant être relevés dans les ministères de la Justice, de l’Intérieur, des Finances, bien sûr, mais également à la Santé publique, à la Sécurité de la chaîne alimentaire, à l’Emploi, à la Concertation sociale voire à la Défense.
 
Il faut aussi, recommandent les députés, élaborer un plan d’action clair pour les instances judiciaires, les services de police et la Sûreté de l’Etat. D’autant qu’à ce stade et par exemple, la problématique sectaire, pourtant envahissante, n’est pas retenue comme une priorité dans le plan national de sécurité de la Police. Côté Sûreté, le groupe va attirer l’attention des diverses autorités et services publics sur son rôle central, tant pour la récolte que pour l’analyse des informations. Des instructions seront édictées pour que toutes les informations utiles lui soient transmises, ainsi qu’au futur Ocam.
 
Le groupe de travail invite également le gouvernement à rédiger une directive définissant clairement les missions des autorités judiciaires et de la police pour les recherches et les poursuites. Il insiste aussi sur le rôle moteur du parquet fédéral, pour la coordination. Des instructions précises seront en outre données aux parquets et auditorats du travail afin de les aider à identifier les pratiques illégales de type sectaire.
 
Encodage spécifique
 
Il est impératif, disent encore les élus, de développer une méthode d’encodage et d’enregistrement informatique des dossiers «sectes» sous un indice spécifique, afin de favoriser une vision globale des choses qui fait défaut.
 
Puisque les moyens dédiés à la lutte anti-sectes nuisibles sont insuffisants, il faut les augmenter, constatent encore les députés, pour la justice, la police et le renseignement.
 
Intensifier la coopération avec les instances européennes et internationales est aussi au programme et le groupe demande au gouvernement d’oeuvrer, via le Conseil des ministres ou le Parlement européens, à l’organisation d’une concertation au niveau des 25. Le même groupe soutient du reste la recommandation 1412 (de 1999) de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe en vue de la création d’un observatoire européen spécialisé.
 
Retour à la Belgique avec, en vrac, le besoin de «resserrer les boulons» de la Cellule administrative de coordination, de pousser davantage les médias à se lancer dans la bagarre (ils sont moins actifs sur le sujet ici qu’ailleurs, bizarrement, constate le groupe), de mieux contrôler le marché de la formation professionnelle (de puissantes sectes pénètrent les entreprises par ce biais) et, si possible, de surveiller les dérives sectaires sur Internet. L’information au corps médical, la sensibilisation des établissements de santé, le contrôle de l’accueil à domicile des personnes vulnérables, la mise en place d’une structure d’assistance spécifique aux victimes et à leurs familles, tout cela relèverait plutôt des Régions et Communautés. Il y a du travail…
 
© La Libre Belgique 2006