Les députés ont décidé mercredi, à l’unanimité, de créer une commission d’enquête sur l’influence des sectes sur les mineurs, un "embrigadement" qui touche "près de 20.000 enfants" en France, selon un rapport parlementaire.

La commission a jusqu’à décembre pour remettre son rapport.

Le président de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), Jean-Michel Roulet, s’est félicité de cette création, comme la présidente de l’Union nationale des associations pour la défense des familles et de l’individu victimes de sectes (Unadfi) Catherine Picard.

"Cela conforte le fait que le travail que nous faisons correspond bien à une véritable attente de la population", a dit M. Roulet, soulignant que les parlementaires "ont une possibilité d’investigation qui dépasse très largement ce que nous pouvons faire".

Mais la Coordination Cap pour la liberté de conscience (Caplc) a estimé que ce projet visait "les minorités de conviction" et "aboutira à une nouvelle attaque en règle contre le fait religieux en France".

La commission de 30 membres, présidée par un député PS avec un rapporteur UMP, est consacrée à "l’influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs" et devra faire des propositions concrètes. Elle a été décidée par les quatre groupes politiques de l’Assemblée (UMP, UDF, PS, PCF). Sa première réunion est prévue dès jeudi.

"L’endoctrinement des enfants est un enjeu majeur pour les groupes sectaires: c’est en effet lorsque les individus sont les plus malléables que l’emprise peut être complète", soulignent les 129 députés signataires de la résolution demandant cette commission d’enquête.

Selon le rapporteur de la commission des Lois, Georges Fenech (UMP), "des dérives et des mauvais traitements pouvant entraîner la mort sont avérés" et "on estime à près de 20.000 le nombre d’enfants présents dans les sectes".

Deux commissions d’enquête sur les sectes s’étaient déjà constituées sous les deux précédentes législatures et avaient rendu des rapports en décembre 1995 et en juin 1999.
"Il y a une véritable progression", a souligné Mme Picard, "la première commission avait permis de faire le point sur la problématique des sectes, la deuxième avait montré le phénomène sous sa dimension économique, là nous arrivons au problème de fond des mineurs".

"Il s’agira de bien étudier les dangers encourus, les mouvements et les techniques afin de mettre en place des outils de prévention plus perfectionnés", a ajouté cette ancienne députée socialiste, à l’origine avec le sénateur UDF Nicolas About d’une loi de juin 2001 renforçant la prévention et la répression des dérives sectaires.

Dans un communiqué, les porte-parole des groupes parlementaires lors du débat soulignent le maintien du consensus politique en matière de sectes plus de dix ans après l’adoption du premier rapport parlementaire sur le sujet.

Ils notent que la création de la commission intervient un an après une circulaire du Premier ministre précisant les modalités de la lutte contre les dérives sectaires, qui avait été interprétée par certains mouvements comme un tournant avec notamment l’abandon de la référence à la liste des sectes établie par le rapport de 1995.
"En réalité, la question posée par le Premier ministre était celle du vieillissement des informations collectées en 1995 et 1999", estiment les députés.
Source : La Croix