Trois étudiants ont été exclus de l’Université de Ngaoundéré cette semaine, motif pris de ce qu’ils appartiendraient à une secte. Selon la Crtv-Poste national qui a diffusé cette nouvelle mercredi et jeudi, l’administration universitaire annonce une avalanche de sanctions qui seront prises à l’encontre de nombreux autres étudiants soupçonnés de pratiques religieuses peu orthodoxes. Il s’agit là d’un coup de pied dans la fourmilière car des groupes à l’identité floue essaiment les universités du pays. Au fil des années, ils se multiplient et "enrôlent" de plus en plus de jeunes.

Cela ne se passe pas seulement dans l’enseignement supérieur. Les lycées et collèges sont aussi concernés. Il y a quatre ans, le Pr. Joseph Owona, ci-devant ministre de l’Education nationale, avait fait un message porté à ses délégués provinciaux et départementaux pour leur demander d’être davantage vigilants sur l’activité des groupes dans les établissements scolaires. Dans la foulée, deux enseignants avaient été sanctionnés à Bertoua. Au-delà des milieux éducatifs formels, les jeunes non scolarisés sont chaque jour aguichés et harcelés aux coins des rues, pour participer à des réunions, entrer dans des groupes de prières, etc.

Les "églises" qui se multiplient dans les villes et villages ont en effet besoin de ces jeunes. Les grandes affiches placardées dans les carrefours, les meetings pharaoniques dans les stades et salles de spectacles, l’animation permanente dans les quartiers, sont des indicateurs d’un grand besoin de propagande pour le recrutement des adeptes et des sympathisants. Si nombre d’observateurs pensent que ces mouvements ne sont autre chose que des sectes, leurs animateurs professent qu’ils expriment simplement leur ferme conviction en des choses qu’ils espèrent. S’ouvre dès lors un débat sur l’essence de la secte.

Du latin sequi qui veut dire suivre, la secte dans son sens premier désigne des gens qui suivent un mouvement, une personne. Certains affirment que le mot vient aussi de secare qui signifie couper et renvoie à un groupe minoritaire de la souche mère dont il s’est détaché. C’est ainsi que le Dictionnaire Hachette (2006) définit la secte comme un "groupe de personnes, notamment d’hérétiques, qui à l’intérieur d’une religion, professent les mêmes opinions particulières." Les hérétiques sont des gens qui soutiennent une hérésie, c’est-à-dire une doctrine contraire aux dogmes établis. Progressivement, le terme est sorti de son embrigadement religieux pour désigner simplement une "communauté fermée, d’intention spiritualiste, où des guides, des maîtres exercent un pouvoir absolu sur les membres (Larousse, 1995)" La principale caractéristique du regroupement devient son caractère autoritaire et très hiérarchisé. Et là, le problème de la liberté de l’individu commence à se poser.