Est-ce la fin de la polémique qui dure depuis plus de trois ans autour de ce que l’on a appelé au départ l’amendement Accoyer ? En dépit du nom de son auteur, il ne s’agit pas du CPE, mais de psychothérapie. Le patron des députés UMP, chargé de déminer la crise du CPE, avait déposé une proposition de loi qui, sous prétexte de faire la chasse aux escrocs de l’âme, avait eu l’étrange idée de vouloir faire passer les psychanalystes sous la coupe de l’Etat, en les obligeant à se faire inscrire sous un registre. Refus, pétitions, puis nouvelle rédaction du projet et vote d’un texte en 2005: «L’usage du titre de psychothérapeute sera réservé aux professionnels inscrits sur un registre national. Cette inscription sera conditionnée au suivi d’une formation pratique et théorique en psychopathologie clinique.» Restait la question délicate des décrets d’application.
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«Tous sont prêts à jouer le jeu»

Réunion.

Vendredi, pour la première fois, le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a réuni la quasi-totalité des associations (psychanalystes, psychiatres, psychothérapeutes, mais aussi psychologues). Et cela s’est plutôt bien passé. «Quand on avait discuté avec la direction de la Santé, tout paraissait bloqué. Indéniablement, le ministre nous a écoutés», a expliqué Roland Gori, président du Séminaire interuniversitaire européen de recherche et d’enseignement de la psychanalyse et de la psychopathologie. Sur des points importants, l’avant-projet de décret  que Libération s’est procuré apparaît sous une forme plus consensuelle. Il est rappelé que «l’usage du titre de psychothérapeute nécessite une démarche volontaire des professionnels». Et que «le professionnel doit s’inscrire sur une liste départementale». Le décret précise que les médecins, les psychologues et tous ceux qui sont inscrits «à un annuaire d’association de psychanalystes» peuvent user de ce titre. Une automaticité qui ne pourra que satisfaire le milieu analytique.

Formation.

Quant aux autres, ils devront justifier d’une «formation théorique d’au moins cent cinquante heures». Dans le cahier des charges de la formation, il y a «une connaissance des principales approches utilisées en psychothérapie», sans préciser lesquelles. «Le ministre a fait des concessions, mais je reste inquiet que la formation ne relève pas exclusivement de l’université», s’interroge Roland Gori. Pour Bruno Dal Puy, qui dirige une fédération de psychothérapie, il n’y a que des raisons d’être satisfait : «Les psychothérapeutes et les psychanalystes en exercice ne pouvaient rêver mieux.»