OTTAWA, 6 juil 2006 (AFP) – Des prisonniers du mouvement religieux chinois interdit Falungong sont mis à mort en Chine pour pouvoir prélever sur eux des organes servant ensuite à des transplantations, affirme un rapport de deux personnalités canadiennes publié jeudi.

Le rapport rédigé par David Matas, avocat spécialiste des droits de l’homme, et David Kilgour, ancien parlementaire et ministre, fait suite à une enquête de deux mois sur les allégations, démenties par Pékin, de prélèvements forcés d’organes sur des membres du Falungong, mouvement d’inspiration bouddhiste.

"Nous sommes arrivés à la regrettable conclusion que ces allégations sont vraies. Nous croyons qu’il y a eu et qu’il continue à y avoir des prélèvements d’organes à grande échelle sur des membres du Falungong, contre leur gré", écrivent les auteurs.

Ils estiment qu’entre 2000 et 2005, il y a eu 41.500 transplantations dont la source reste inexpliquée.

"D’où viennent les organes pour ces transplantations? Les allégations de prélèvements d’organes sur des membres du Falungong fournissent une réponse", soulignent-ils. "Il ne fait pas de doute que cela se fait", a déclaré M. Kilgour en présentant le rapport au cours d’une conférence de presse à Ottawa.

Le Falungong, interdit depuis 1999, a accusé la Chine d’avoir tué près de 75% de ses 6.000 adeptes qui étaient détenus dans un camp situé dans le district de Shijiatun, et d’avoir utilisé leurs organes pour des transplantations.

MM. Matas et Kilgour reconnaissent qu’ils ne disposent pas de preuves incontestables car, affirment-ils, les victimes sont tuées et leurs corps incinérés.

Mais ils ont rassemblé un certain nombre de témoignages ainsi que des retranscriptions de conversations téléphoniques dans lesquelles des responsables de centres de détention ou d’hôpitaux indiquent en termes plus ou moins voilés à des interlocuteurs se faisant passer pour des clients qu’ils pourraient disposer rapidement d’organes prélevés sur des membres du Falungong.

L’un d’eux met en scène un certain M. Li au centre de détention de Mishan, dans la province du Heilongjiang.

question
: avez-vous des fournisseurs (d’organes) du Falungong?
M. Li : oui, nous en avons eus.
question: et maintenant?
M. Li : oui
question: pouvons-nous venir choisir ou est-ce vous qui les fournissez?
M. Li : nous vous les fournissons.
question: et le prix?
M. Li: nous en discuterons quand vous viendrez.
Le rapport cite aussi l’ex-femme d’un chirurgien chinois, selon laquelle celui-ci aurait prélevé des cornées sur 2.000 prisonniers du Falungong.

"Je ne sais pas si c’est une politique ou de la corruption, mais c’est un phénomène répandu", a déclaré M. Matas.

Les deux auteurs du rapport formulent un certain nombre de recommandations, demandant notamment à l’Onu d’examiner la situation en Chine et aux gouvernements du monde entier d’interdire l’entrée de leur territoire aux médecins chinois voulant acquérir une formation en matière de transplantation d’organes.