“La complexité du risque sectaire est sous-estimée, compte tenu notamment de l’évolution de la tendance actuelle à davantage d’externalisation, à l’accroissement du nombre de partenaires, prestataires et clients avec lesquels chaque entreprise entre en contact ou négocie. Ce risque doit aujourd’hui être pris en compte car les mouvements à caractère sectaire se sont ancrés dans la vie économique et cela pour deux raisons: le besoin d’argent et le recrutement de professionnels influents.” C’est pourquoi la Miviludes publie, ce jeudi 13 décembre 2007, un guide d’information destiné aux acteurs économiques, intitulé: “Les entreprises face au risque sectaire”.

La prise en compte du risque sectaire par les entreprises est d’autant plus importante, selon la Miviludes, que “l’intrusion de mouvements ou prestataires susceptibles de générer des dérives sectaires au coeur des entreprises, et plus particulièrement dans les unités de décision, est de nature à porter gravement atteinte aux intérêts essentiels de l’entreprise”. Or, une enquête menée par la mission auprès de plus de 200 organismes (chambres consulaires et entreprises) montre une méconnaissance, voire un déni du risque sectaire, selon Henri-Pierre Debord, chargé des questions économiques et financières.
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PRESTATION DE SERVICES}}

Dans l’entreprise, la menace sectaire se traduit par “le risque de mise en état de sujétion de membres du personnel ou bien encore (…) des responsables dirigeants ou de membres de leur famille”. “Cette ‘personne cible’ se voit imperceptiblement soumise à des incitations, voire à de véritables pressions, pour transgresser les règles du milieu professionnel.” Ce phénomène peut être opéré soit directement dans l’entreprise, soit par l’intermédiaire d’un prestataire de services.

En effet, “afin de cibler le plus grand nombre d’entreprises, les organisations sectaires diversifient leurs activités”. Ainsi, “en fondant et en intégrant dans leur organisation des cabinets de formation professionnelle, de recrutement, de conseil en management ou en gestion des ressources humaines, ou bien encore de sociétés de services informatiques, de gardiennage, de conseil ou d’audit, les mouvements à caractère sectaire se dotent de moyens d’intrusion par des voies d’apparence légale”. “La prestation de service est un moyen d’entrer en contact, de gagner de l’argent, et ultérieurement de s’inscrire dans une relation durable de partenariat”, commente Henri-Pierre Debord. “Avant d’entamer la démarche de séduction, première étape de l’emprise, ces prestataires se situent dans une démarche professionnelle.”

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Mais, “repérer un cas de dérive sectaire au sein même de l’entreprise n’est pas aisé et implique beaucoup de vigilance”. Le guide de la Miviludes offre donc aux responsables d’entreprise une palette d’outils pour déceler et mesurer le risque sectaire, et agir en cas d’intrusion. La “première étape” consiste à “déterminer les secteurs exposés, en listant de la manière la plus complète possible les fonctions, les tâches et les processus de management les plus sensibles” (passation de contrats avec des prestataires extérieurs, intervention sur des fichiers informatiques, etc.).

Certaines pratiques servent de critères d’appréciation pour reconnaître une dérive sectaire (déstabilisation mentale, rupture avec l’environnement d’origine, exigences financières exorbitantes…). Il convient en outre de “mettre en place une action de veille au sein même de l’entreprise” en assurant le “partage de l’information”. Le cas échéant, l’entreprise peut également engager des poursuites judiciaires”, mais beaucoup y renoncent en raison du coût et du temps nécessaires.

Enfin, le guide liste les questions à se poser pour détecter le risque sectaire, ainsi que les organismes à contacter, et présente en annexe l’ensemble des recours juridiques dont disposent les entreprises pour lutter contre les menaces sectaires.