ANGERS, 11 avr 2006 (AFP) – Après les affaires de pédophilie d’Angers et Outreau, les professionnels de la protection de l’enfance ont souhaité mardi une réforme profonde qui leur permettrait de mieux suivre les familles en difficulté, à l’occasion de leurs premières assises nationales à Angers.

Ce souhait a été exprimé par la plupart des 1.300 professionnels réunis un an après le procès à Angers de la plus importante affaire de pédophilie jamais révélée en France.

"L’affaire d’Angers a été un révélateur de trois problèmes fondamentaux pour la Protection de l’Enfance", a expliqué Jean-Louis Sanchez, le délégué général de l’Observatoire national de l’action sociale décentralisée (ODAS). "D’abord l’indifférence des habitants et du voisinage (des familles concernées), la mauvaise adaptation de la protection administrative au monde moderne et, enfin,
l’embouteillage de la justice".

Selon un rapport de l’observatoire, 95.000 signalements d’enfants en danger ont été enregistrés par les conseils généraux en 2004, soit une progression de 7% par rapport à 2003. Des chiffres qui, dans le détail, montrent aussi la progression sensible des violences physiques (+800 enfants) et sexuelles (+ 300) alors même que les dépenses d’aide sociale à l’enfance augmentent
continuellement dans tous les départements. Elles sont passées de 263EUR par habitant en moyenne en 1996 à 322EUR en 2002.

Mais les efforts de qualité de l’accompagnement social ne suffisent pas face à l’augmentation de la précarité, la fragilisation des familles et, parfois, l’usure des acteurs eux-mêmes, ont reconnu les professionnels intervenant au cours de ces Assises organisées par le Conseil général de Maine-et-Loire.

Au coeur du problème, figure l’amélioration de la prévention et des dispositifs de signalement qui passe, selon M. Sanchez, avant tout par la clarification des responsabilités et des missions des différents acteurs, assistants sociaux, assistantes maternelles, enseignants, justice.

"Il faut affirmer le rôle de pivot des Conseils généraux et que ceux-ci consacrent beaucoup plus d’efforts au travail de terrain et à la relation avec les familles", a-t-il estimé. "Ce ne sont pas les moyens qui sont défaillants mais l’articulation entre les différents acteurs de la protection de l’enfance", a souligné, de son côté, le ministre délégué à la famille Philippe Bas, après avoir présenté les grandes
lignes de la réforme de la Protection de l’enfance dont il compte présenter la version définitive au Conseil des ministres fin avril.

Le ministre a notamment appelé "au partage du secret professionnel, dans l’intérêt de l’enfant", au sein de cellules de signalement qui seraient mises en place dans chaque département, à l’instar de ce qui a été entrepris en Maine-et-Loire.

"Il faut aider les professionnels trop souvent désemparés par la responsabilité de cette décision", a souligné le ministre, rappelant que c’était "aux parents que revenait la responsabilité principale".

M. Bas a précisé que son projet de loi prévoyait l’embauche sur trois ans de 4.000 nouveaux professionnels, principalement dans le domaine de la protection maternelle infantile, la médecine scolaire et l’intervention sanitaire et sociale (au sein des familles).
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