Des pasteurs ont logé leurs églises à domicile. Les voisins n’arrivent pas toujours à supporter les bruits.

La prophetesse Jeanne Monnet (au 1er plan) en pleine évangélisation devant son église à Marcory au quartier Jean-Baptiste Mockey.   
Ils sont combien à avoir " le malheur " d’habiter à côté d’une église logée dans un domicile ? S.O, chauffeur de son état, garde un très mauvais souvenir de ces bruits assourdissants qui l’empêchaient de dormir. " Il y a quelques années, j’ai loué une maison à Aboboté sans savoir que mon voisin avait transformé son salon en une église. Quand je m’en suis rendu compte, j’ai dû déménager dans les jours qui ont suivi alors que j’avais payé d’avance 5 mois de loyer. Le propriétaire n’a jamais pu me rembourser ". Du fait de son métier, S.O rentrait tard la nuit, ou des fois au petit matin. Ses nuits à la maison étaient un véritable cauchemar. Etant musulman, il n’a pas voulu se plaindre à ses voisins. " Ils auraient pu croire que je suis contre leur religion, alors, j’ai préféré déménager ", dit-il. Dans un autre quartier, un ami de S.O, militaire de son état, a trouvé une astuce pour se débarrasser d’une église qui le dérangeait. Il a tout simplement acheté des hauts parleurs et mettait à fond le volume de la musique d’Alpha Blondy durant les séances de prières. Excédé, le pasteur, qui n’arrivait plus à s’entendre avec ses fidèles, a fini par chercher un autre lieu de culte.
Elles sont bien nombreuses les personnes qui se plaignent des désagréments que leur causent les  églises à domicile. A Marcory au quartier Jean Baptiste Mockey, la prophétesse Jeanne Monnet de l’Eglise du plein évangile (la mission des flambeaux, temple des rochers des siècles) fait ses prières en semaine de 18h30 à 20h dans un  salon et les dimanches de 9h à 12h sur un espace situé en face de cette maison ; qu’elle a en partage avec une Eglise de Témoins de Jéhovah et les autres résidents. Le culte, et les prières se font avec des instrumentistes et des chantres. On loue Dieu, on danse pour lui. La sueur déferle sur les corps en joie, et les visages souriants. Les fidèles présents sont visiblement heureux ; même si le bruit assourdissant dérange les voisins. " La musique nous empêche de nous reposer, mais que pouvons nous faire, dit impuissant, une jeune dame qui allaite son bébé ".
La prophétesse Jeanne Monnet n’ignore pas ce qui se passe autour d’elle. Son église a deux ans de vie. Au départ, c’était une cellule de prière tous les mercredi. Le Seigneur se manifestait au cours des prières. C’est ainsi que la cellule a grandi, et a fini par prendre des proportions. Il était devenu difficile de " travailler " dans le cadre de la maison. Elle a cherché un local : "  la question de moyens pour une œuvre qui démarre étant réelle nous avons opté pour une villa au sein de laquelle les cas sociaux, les désœuvrés, ceux que nous devrions aider pourraient être logés " dit-elle. Pour ne plus déranger, elle épargne en vue d’acquérir un local… " Malheureusement, les promesses d’aide ne sont pas toujours honorées ", ajoute-t-elle.
La servante de Dieu rétorque. " Nous faisons en sorte de déranger le moins possible. Nos heures de prières sont assez ouvertes ". Comme pour se défendre, elle a tout de suite ajouté : " Nous ne dérangeons pas plus qu’un maquis. Le local que nous utilisons est à côté d’une zone très maquisarde. Les gens ont tendance à se plaindre en ce qui concerne les églises, et l’œuvre de Dieu, et gardé le silence, quand il s’agit des maquis. " A un maquis, une Eglise. Autant les maquis font des  pervertis, des gens qui vivent facilement dans la débauche, autant l’Eglise fait des rachetés et des personnes orientées vers le Salut ". Marcory a selon elle un site dénommé 1000 maquis. Qu’il y ait un site 1000 églises. Quitte à ce qu’on demande aux églises de participer pour l’espace occupé. Ces jeunes églises dont on se plaint font un travail considérable, au nom du Seigneur et la puissance de Dieu s’y manifeste Avance-t-elle.
La prophétesse Jeanne Monnet estime qu’un travail d’explication doit être fait afin que les gens comprennent que le but visé par ces hommes de Dieu qui travaillent à domicile n’est pas de nuire.
Le pasteur Inéka Ange Da Kosta, du ministère de l’armée du salut international en Côte d’Ivoire qui est logé dans un domicile à la Riviera Palmeraie, ne tient pas un discours différent de celui de notre première interlocutrice.
Dans l’espace aménagé pour la prière à l’intérieur de sa résidence, il y a un tambour pour la louange. Il nous a présenté des chaises cassées par des personnes lors de la manifestation de l’esprit pendant les délivrances.  Certains se plaignent parce qu’ils sont dérangés et d’autres accourent parce qu’ils ont besoin de délivrance. " La dimension puissance de Dieu est mise en évidence à chacune de nos rencontres ". Certains hommes de Dieu peuvent selon lui exagérer. Parce qu’il faut tenir compte des règles du bon voisinage. Mais le pasteur estime qu’il faut aussi tenir compte du fait que très souvent les personnes qui se plaignent ne sont pas touchées par les choses de Dieu. En ce qui le concerne, à chacune de ses prières, il demande à Dieu de lui donner un esprit de sagesse  pour savoir à quel moment il est conduit par le Seigneur car la Bible demande aux hommes de Dieu d’être des modèles. Un homme de Dieu doit selon lui véhiculer la paix ; c’est l’un des fruits de l’esprit. 

Auteur: Marie Adèle DJIDJE