GRENOBLE, 26 oct 2006 (AFP) – Plusieurs anciens membres de l’Ordre du temple solaire (OTS) ont pris la défense jeudi, devant la cour d’appel de Grenoble, du chef d’orchestre franco-suisse Michel Tabachnik, poursuivi après la "tuerie-suicide" en 1995 de 16 adeptes de la secte dans une forêt du Vercors.

Le chef d’orchestre, accusé d’avoir entraîné par ses écrits les membres de la secte dans une logique suicidaire, et relaxé, faute de preuve, en première instance, "n’est pas coupable car les gens qui se sont donné la mort étaient tous très consentants", a déclaré Louis Faucon, 76 ans, membre important de la secte jusqu’en 1995 car il avait le grade de "cape dorée".

"Mon ex-épouse Mercedes (morte dans le Vercors), j’ai essayé de la retenir, mais c’était peine perdue, les gens du Vercors n’ont pas supporté que les autres membres de la secte soient partis rejoindre le bon dieu sans eux", a-t-il dit en faisant allusion aux suicides collectifs des membres de la secte découverts en octobre 1994 en Suisse à Cheiry (22 morts) et à Granges-sur-Salvan (25 morts).

Ancien moniteur d’équitation, il a reconnu avoir lu les textes de Tabachnik: "je n’ai rien compris mais je suis sûr que Michel Tabachnik (qui avait animé une réunion en évoquant un transit sur Sirius peu avant le drame, NDLR) ignorait ce qui se préparait".

Une autre ancienne adepte, Liliane Chantry, 48 ans, professeur de musique, a estimé que dans ses interventions de 1995, Michel Tabachnik "nous demandait de continuer personnellement notre travail spirituel, il n’y avait pas l’idée de suicide".

"Le seul responsable du groupe, c’est Jo Di Mambro et c’est injuste que Michel Tabachnik soit là devant la justice", a ajouté cette femme qui avoue avoir été subjuguée par le gourou de la secte Di Mambro, mort en Suisse avec les adeptes.

Un autre adepte, ancien adjudant dans l’armée, Jean-Martin Rihl, explique aussi, comme les deux autres, qu’il a assisté à des cérémonies truquées avec des voix, des apparitions, et qu’il y a cru. Louis Faucon y croit encore: "Je n’ai pas la preuve que cela était truqué, les catholiques ont les anges, pourquoi ne pourrait-on pas avoir les +maîtres cachés+".

Avant ces témoignages, le commandant Gilbert Houvenaghel de la police judiciaire avait estimé que Tabachnik avait "survécu au drame (du Vercors) car il avait une mission secrète", sans donner de précision.

"A Avignon (peu avant le drame, ndlr), Michel Tabachnik, seul, habillé d’une cape noire, annonce de façon ésotérique le transit vers Sirius, et on voudrait me faire croire que celui qui donne les cours ne sait pas ce que c’est que le transit", s’est exclamé le policier.

"Michel Tabachnik n’est pas un mauvais bougre, mais c’était un convaincu, un type qui y croyait et qui, quand il a appris ce qui s’est passé, était dépassé par l’ampleur du massacre", a ajouté le directeur de l’enquête, en reconnaissant toutefois qu’on ne pouvait l’accuser "de véritable assassinat".
Il a également rejeté les différentes théories tournant autour du drame, comme une intervention de la mafia ou de trafiquants d’armes.

Le procès, initialement prévu pour se dérouler jusqu’au 3 novembre, devraits’achever le 31 octobre, selon la cour.

Entre octobre 1994 et décembre 1995, des "tueries-suicides" de membres de l’OTS ont fait au total 68 morts en Suisse, en France et au Canada.
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