GRENOBLE, 26 oct 2006 (AFP) – Le commandant Gilbert Houvenaghel de la police judiciaire a estimé jeudi à Grenoble que le chef d’orchestre franco-suisse Michel Tabachnik, poursuivi après la mort en 1995 de 16 adeptes de l’Ordre du temple solaire (OTS), avait "survécu au drame car il avait une
mission secrète".
  
"A Avignon (peu avant le drame, ndlr), Michel Tabachnik, seul, habillé d’une cape noire, annonce de façon ésotérique le transit vers Sirius, et on voudrait me faire croire que celui qui donne les cours ne sait pas ce que c’est que le transit", s’est exclamé le policier devant la cour d’appel de
Grenoble, au troisième jour du procès de M. Tabachnik.
  
Le chef d’orchestre, accusé d’avoir entraîné par ses écrits les membres de la secte dans une logique suicidaire, avait été relaxé, faute de preuve, en première instance.
 
 "Michel Tabachnik n’est pas un mauvais bougre, mais c’était un convaincu, un type qui y croyait et qui, quand il a appris ce qui s’est passé, était dépassé par l’ampleur du massacre", a ajouté le directeur de l’enquête. Il  a reconnu toutefois qu’on ne pouvait accuser le musicien "de véritable
assassinat".
  
Lorsque le ministère public lui a demandé de quelle "mission secrète" il s’agissait, le policier n’a pu donner de réponse.
  
L’avocat du prévenu, Me Francis Szpiner, est intervenu alors en ironisant: "Michel Tabachnik est coupable car il n’a pas été assassiné, la preuve de sa culpabilité, c’est qu’il est vivant".
  
Le directeur d’enquête a également rejeté les différentes théories tournant autour du drame, comme une intervention de la mafia ou de trafiquants d’armes. Il a ajouté que les adeptes de l’OTS "étaient souvent des gens bien, qui cherchaient un absolu dans une société qui va mal, qui s’entraidaient mais
ignoraient les agissements secrets de leur chefs".
  
Des anciens membres de la secte doivent témoigner jeudi après-midi. Le procès, initialement prévu pour se dérouler jusqu’au 3 novembre, devrait s’achever le 31 octobre.
  
Entre octobre 1994 et décembre 1995, des "tueries-suicides" de membres de l’OTS ont fait 68 morts en Suisse, en France et au Canada, dont le gourou de la secte Jo Di Mambro.