GRENOBLE, 25 oct 2006 (AFP) – Un médecin légiste a raconté mercredi à la barre, au deuxième jour du procès en appel du chef d’orchestre franco-suisse Michel Tabachnik, poursuivi après la mort de 16 adeptes de l’Ordre du temple solaire (OTS) en 1995, l’horreur de la tuerie et la révolte de deux mères.
  
Les 14 premiers membres de la secte, drogués après avoir absorbé des médicaments, se retrouvent en forêt dans une petite clairière, "ils se disposent en cercle, les pieds à l’intérieur du cercle, la tête couverte d’un sac en plastique", a affirmé le docteur Eric Baccard, devant la cour d’appel
de Grenoble.
  
Deux chefs de la secte, l’architecte André Friedli et le policier Jean-Pierre Lardanchet, munis chacun d’un pistolet 22 long rifle à un coup, passent de l’un à l’autre et les tuent d’une balle dans la tête et le thorax, selon le Dr Baccard.
  
"L’exécution des enfants a sans doute suscité un mouvement de révolte de la part des mères, ce qui explique que les tueurs leur ont porté des coups violents pour les assommer", a déclaré le médecin.
  
En effet, les crânes de deux mères qui étaient accompagnées de leurs enfants, Marie-France Lardanchet (deux petits garçons) et Ute Verona (une petite fille), portent des traces de fractures.
  
Selon le médecin, les deux tueurs ont, aussitôt après, déposé du bois sur le corps des victimes, versé de l’essence et allumé. Ils se sont ensuite placés sur le brasier et se sont suicidés en se tirant une balle dans la tête avec deux pistolets Magnum, armes équipant la police française, retrouvées sur place.
  
Cette version n’a pas satisfait l’avocat de plusieurs familles parties civiles, Alain Leclerc, qui a de nouveau défendu la théorie d’un commando extérieur.
  
Le 22 décembre 1995, dans une forêt du Vercors, les corps calcinés de 16 personnes avaient été retrouvés sur un bûcher. L’enquête a conclu qu’il n’y avait pas eu d’intervention extérieure.
  
M. Tabachnik, 61 ans, est poursuivi pour "association de malfaiteurs" parce que ses écrits sont suspectés d’avoir placé les futures victimes "dans une dynamique mortifère". En première instance en 2001, il avait été relaxé au bénéfice du doute mais le parquet avait fait appel.
  
Entre octobre 1994 et décembre 1995, des "tueries-suicides" de membres de l’OTS ont fait 68 morts en Suisse, en France et au Canada, dont le gourou de la secte, Jo Di Mambro.
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