Justice – Relaxé en 2001, le chef d’orchestre est rejugé dès aujourd’hui en appel.

Il avait été relaxé en 2001 au terme d’un procès de neuf jours qui n’avait pas permis de déterminer son influence réelle sur les adeptes de la secte dirigée par Jo Di Mambro et Luc Jouret. Le chef d’orchestre Michel Tabachnik va devoir s’expliquer une seconde fois devant la justice. Son procès en appel s’ouvre aujourd’hui à Grenoble. Le musicien est poursuivi pour «association de malfaiteurs».

Michel Tabachnick © Lucien Fortunati
Le 22 décembre 1995, dans une forêt du Vercors, les corps calcinés de seize personnes avaient été découverts sur un bûcher, tués par balles, et quatre armes retrouvées sur place. Trois enfants d’adeptes se trouvaient parmi les victimes, ainsi qu’Edith et Patrick Vuarnet, l’épouse et le fils cadet de l’ancien champion de ski, Jean Vuarnet.

Entre octobre 1994 et décembre 1995, des «tueries suicides» de membres de l’OTS en Suisse, en France et au Canada ont fait septante-quatre victimes, parmi lesquelles onze enfants, le gourou de la secte, Jo Di Mambro, et le «rabatteur», le docteur Luc Jouret.

En avril 2001, le procureur avait requis cinq ans de prison contre Michel Tabachnik, lui reprochant d’avoir, par ses écrits ésotériques, poussé les adeptes de l’organisation à un «transit vers Sirius», c’est-à-dire à se suicider avec leurs proches.

Le procès avait mis en évidence les écrits de Michel Tabachnik, des textes incompréhensibles pour le commun des mortels, mêlant des notions tirées de l’alchimie, de la Kabbale, de l’astrophysique, ou évoquant «l’imminence de grands cataclysmes».

Le Parquet avait néanmoins eu du mal à démontrer que les textes doctrinaux du chef d’orchestre avaient poussé les adeptes à se suicider.

mise en examen à Paris de Jean-Marie Abgrall, le principal expert-psychiatre du dossier de l’OTS, pour «violation du secret de l’instruction et du secret professionnel». Partie civile dans le procès de l’OTS, Alain Vuarnet, qui a perdu sa mère et son frère dans le Vercors, est persuadé qu’il s’agit d’un assassinat pratiqué par un commando. Le 4 juillet 2003, il a fait exhumer les corps de ses proches et a eu recours à un expert reconnu en la personne du professeur ­Gilbert Lavoué. Lequel a affirmé qu’ils avaient été tués à l’aide d’un lance-flammes au phosphore sans pouvoir vraiment le démontrer.

Nouveaux éléments

Une expertise officielle a démenti cette théorie. Selon nos informations, le fils de l’ancien champion de ski pourrait, toujours sur la base d’expertises privées, livrer de nouveaux éléments portant un éclairage inédit sur les circonstances du décès de sa mère.

Chronologie

Premier massacre: du 4 au 6 octobre 1994, 53 adeptes trouvent la mort. Cinq périssent poignardés à Morin Heights au Québec, quarante-huit autres sont tués par balles à Cheiry ou drogués à Salvan, en Suisse.
Deuxième massacre: dans la nuit du 15 au 16 décembre 1995, seize personnes dont trois enfants se rendent dans une clairière d’un plateau du Vercors, près de Saint-Pierre-de-Chérennes. Les seize corps sont retrouvés carbonisés.
3 avril 1996: les trois juges ayant mené l’enquête en Suisse présentent leurs conclusions. Pour eux, aucun des responsables des massacres n’a survécu. L’affaire est classée.
Troisième massacre: l’OTS provoque un «suicide collectif» de cinq nouvelles personnes à Saint-Casimir au Québec le 22 mars 1997.
Le 17 avril 2001 s’ouvre le procès de Michel Tabachnik devant le Tribunal correctionnel de Grenoble.
Le 25 juin 2001, Michel Tabachnik, supposé numéro trois de la secte, est relaxé à l’issue d’un procès de quinze jours. (aj)

ALAIN JOURDAN AVEC ats
Publié le 24 octobre 2006