Interpellée alors qu’elle venait soutenir sa thèse de doctorat, Nathalie Gettliffe-Grant devrait être jugée pour avoir enlevé ses deux enfants à son père canadien qui, selon elle, était devenu membre d’une secte.

NATHALIE Gettliffe-Grant, cette mère de famille lyonnaise écrouée à Vancouver la semaine dernière pour enlèvement d’enfants, restera derrière les barreaux au moins une dizaine de jours supplémentaires. Nathalie Gettliffe avait fui le Canada en 2001 pour mettre ses deux enfants à l’abri d’une secte dont Scott Grant, son ex-mari, serait un adepte.
«Elle va aussi bien que l’on peut aller dans ces cas-là. Il ne faut pas oublier qu’elle est enceinte», souligne Deanne Gaffar, l’avocate canadienne de la détenue. Le 1er mai,
elle demandera une libération sous caution du professeur de l’université Lyon-II.

Des agents consulaires présents lors de l’arrestation

Lors d’une comparution mercredi dernier, l’avocate avait sollicité un délai supplémentaire pour organiser la défense de sa cliente. Me Gaffar précise que le mandat d’arrêt émis en 2001 contre Nathalie Gettliffe a été annulé en 2004 pour des raisons qu’elle ignore. La doctorante de l’Université de Colombie-Britannique (UBC), a dès lors été arrêtée en vertu d’un nouveau mandat : la justice l’accuse d’avoir violé une décision de la Cour suprême de Colombie-Britannique l’interdisant d’emmener ses enfants hors de cette province.

«On a évoqué des liens entre un procureur et la mère de Scott Grant. Mais il exerce dans un domaine totalement différent de celui qui nous intéresse», explique Deanne Gaffar. Si l’avocate française de Nathalie Gettliffe-Grant a déploré l’absence de soutien diplomatique, le consulat de France à Vancouver assure lui avoir porté assistance dès «qu’elle en a fait la demande». Le caporal Tom Seaman, de la Gendarmerie royale du Canada, confirme la présence d’agents consulaires français lors de son arrestation.

Jennifer M. Phelps, directrice des services étudiants de UBC, explique que Nathalie Gettliffe était venue à Vancouver pour soutenir sa thèse le 12 avril : «Il n’est pas rare que nos étudiants de doctorat travaillent sur leur thèse depuis l’étranger, mais la soutenance doit toujours avoir lieu ici.» Selon des sources autorisées, Nathalie Gettliffe avait terminé sa scolarité de doctorat lorsqu’elle a quitté le Canada en 2001. La doctorante du département d’études françaises, hispaniques et italiennes de l’université a donc rédigé sa thèse en France. «Nathalie s’intéresse à l’utilisation de l’informatique et des technologies de l’information dans l’apprentissage d’une langue étrangère.

Elle étudie par exemple l’efficacité des forums de discussion électroniques dans cet apprentissage et a travaillé à partir d’un échantillon d’étudiants de UBC qui apprennent le français.» Selon le Code pénal canadien, Nathalie Gettliffe-Grant encourt une peine maximale de 10 ans.

le Figaro
Ludovic Hirtzmann
22 avril 2006, (Rubrique France)