Au moins 22 opposants à Pinochet auraient été tués dans la colonie d’une secte religieuse allemande au Chili

SANTIAGO (AP) — Au moins 22 opposants politiques qui ont disparu sous le régime militaire du Général Augusto Pinochet furent tués dans une colonie religieuse allemande implantée au Chili, et leurs corps furent ensuite brûlés à l’aide de produits chimiques, a affirmé dans son édition de dimanche le quotidien public "La Nacion".
Ces meurtres ont eu lieu dans les deux mois suivant le coup d’Etat du Général contre le président élu Salvador Allende le 11 septembre 1973, qui porta le dictateur au pouvoir jusqu’en 1990.
Ces révélations ont été faites par un ancien dirigeant de la Colonia Dignidad ("Colonie Dignité"), Gerhard Mucke, au juge Jorge Zepeda, chargé de l’enquête sur les abus perpétrés dans cette ferme située à 340 kilomètres au sud de la capitale, Santiago.
Les autorités n’ont pas fait de commentaire sur ces informations, et un appel téléphonique dimanche au bureau du juge n’a pas abouti.
Mucke a dit avoir agi sur les ordres du chef de la secte, Paul Schaefer, qui lui a demandé de "nettoyer la ferme".
"Tous les corps ont été brûlés", a dit Mucke à propos des 22 dissidents, selon "La Nacion".
Schaefer et d’autres dirigeants de la colonie ont été accusés après le retour de la démocratie d’avoir mis leur propriété à la disposition du régime pour la détention, la torture et le meurtre d’opposants politiques.
Schaefer, âgé de 84 ans, purge actuellement un peine de 20 ans de prison pour des abus sexuels sur 26 enfants dans la colonie.
Cette année, les membres de la colonie qui vivent encore sur les lieux malgré la dissolution de la communauté après la chute du régime militaire ont avoué que des abus y ont eu lieu et ont dit chercher le "pardon" de la société chilienne, accusant Schaefer d’avoir permis aux autorités d’utiliser la propriété à ces fins.
Selon des chiffres officiels, 3.197 personnes ont été tuées pour des raisons politiques sous le régime du Général Pinochet. Plus de 1.000 personnes sont toujours portées disparues. AP