LILLE, 7 sept 2006 (AFP) – Deux médecins, anciens membres de la secte Graal, ont été condamnés jeudi à deux ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Lille pour non-assistance à personne en danger après la mort d’une patiente en 1997, a-t-on appris auprès de l’avocat de l’un d’eux.
  
Une interdiction définitive d’exercer la médecine a également été prononcée contre les deux prévenus, Gérard Gueniot, 60 ans, et Michel Saint-Omer, 59 ans, qui comparaissaient pour homicide involontaire. Ils devront par ailleurs verser collectivement 130.000 euros de dommages et intérêts à la famille de la
victime, selon Me François Jacquot, défenseur de M. Gueniot.
  
Le tribunal n’a pas suivi le procureur qui avait requis trois ans d’emprisonnement, dont un ferme, à l’encontre des deux praticiens spécialistes de l’homéopathie et d’acupuncture, peine selon lui "exemplaire au regard des idées extrêmement dangereuses" qu’ils diffusaient.
  
Ils avaient prescrit, selon le procureur, "un traitement totalement inapproprié" à Evelyne Marsaleix, une mère de deux enfants atteinte d’un cancer du sein, et décédée à 31 ans en janvier 1997.
  
Cette dernière, dont le cancer avait été dignostiqué début 1995, craignait de suivre une chimiothérapie et s’était alors tournée vers MM. Gueniot et Saint-Omer.
  
Le Graal, classé comme secte dans un rapport parlementaire de 1995, recommande notamment les thérapies parallèles plutôt que la médecine classique.
  
Une peine de six mois de prison avec sursis a par ailleurs été prononcée à l’égard de Joseph Ohl, un membre du Graal. Un an avant son décès, Evelyne Marsaleix avait observé un jeûne de 21 jours à son domicile et suivi des soins à base de cataplasme d’argile.
  
Deux ans avec sursis pour les deux médecins, "c’est peu, il reste beaucoup à faire dans la lutte contre les sectes en France", a réagi Charline Delporte, présidente régionale de l’Association de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (AFI).
  
Me Francis Jacquot, défenseur de M. Guéniot, a de son côté dénoncé un "jugement totalement aberrant". "Le contexte ambiant de lutte contre les sectes n’a pas permis à la justice de statuer sereinement", a-t-il estimé, précisant que son client allait faire appel.
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