PARIS, 26 avr 2006 (AFP) – Enfants, médecines alternatives, aide humanitaire constituent trois domaines "particulièrement préoccupants" pour l’activité des sectes, estime la Miviludes dans son rapport 2005 en promettant de poursuivre salutte "avec conscience et détermination".

Le rapport est publié dix ans après l’affaire de l’Ordre du temple solairequi a décidé la France à se doter d’une structure spécialisée, devenue en 2002 la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.

"Il existe de vraies et bonnes raisons de ne pas renoncer à la lutte contre les dérives sectaires au motif fallacieux que cela porterait atteinte à la liberté de conscience ou aux libertés religieuses", écrit le président de la Miviludes Jean-Michel Roulet en invoquant "des enfants humiliés, des victimes
détruites et des familles déchirées à jamais".

Les enfants sont souvent une "cible", selon le rapport, parfois avant leur naissance (Fraternité blanche universelle, Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix). Chez les dévots de Krishna, ils ont un emploi du temps harassant (lever à 3H30, coucher à 20H30 pour les 10-15 ans). Ils peuvent être retirés de l’école (enfants "indigo" ou "cristal" de Kryeon), scolarisés à part (Tabitha’s Place, Frères de Plymouth issus du darbysme protestant). La cellule de prévention de l’Education nationale évalue à
10.000 les enfants instruits à domicile ou dans des établissements hors contrat.

Les contrôles ont contribué au recul du nombre d’enfants instruits à domicile (1.000 en 2004 contre 6.000 en 1998).

Mais l’enseignement par correspondance est libre et concurrentiel –sans aucune garantie ni agrément hormis le CNED– comme le soutien scolaire, créneau qui "semble être une des nouvelles pistes de la scientologie".

Parfois soumis à de mauvais traitements voire des abus sexuels, les enfants peuvent mourir de privations. En juin 2005, les parents kinésiologues de Kerywan, mort à 16 mois avec le poids d’un nourrisson de quatre mois, ont été condamnés par la cour d’assises du Finistère à cinq ans de prison dont 52 moisavec sursis.

La Miviludes s’inquiète aussi de "l’engouement pour les +alter-médecines, multiformes mais qui ont pour point commun de ne bénéficier d’aucune validation scientifique, d’être exercées dans la plupart des cas par des +thérapeutes+ autoproclamés et d’aboutir à terme à un refus pur et simple des soins médicaux traditionnels".

Elle dénonce ce "mouvement qui érige en dogme une philosophie qui nie en bloc tous les progrès de la science et de la médecine auxquels les plus grands savants du monde ont voué leur vie depuis deux siècles".

Enfin, la crise des banlieues en novembre 2005 a attiré des sectes comme la scientologie sous couvert d’aide humanitaire, un secteur "en pleine expansion, en raison de la médiatisation des grandes catastrophes naturelles ou des troubles", souligne la Miviludes. Il a "le double avantage pour les
organisations sectaires de contribuer à polir leur image humaniste tout en procédant à un fort prosélytisme et de leur permettre de recueillir des fonds".

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