PARIS, 26 avr 2006 (AFP) – Chamanisme, reiki, cristallothérapie, iridologie, corps subtils et autres chakras: la vogue de nouvelles pratiques desoins peut favoriser les sectes, avertit le rapport 2005 de la Miviludes.

La libération conditionnelle en février 2006 de Ryke Geerd Hamer, condamné en appel en juillet 2004 à trois ans de prison pour escroquerie et complicité d’exercice illégal de la médecine, suscite notamment l’inquiétude des pouvoirs publics, selon la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.

La première plainte en France contre ce médecin, interdit d’exercer en Allemagne en 1986 et qui prône de traiter le cancer en libérant des capacités d’auto-guérison, remonte à 1996 après la mort d’une femme. Une centaine de praticiens sont actuellement estimés comme "haméristes", dont certains frappés d’interdiction ou volontairement radiés de l’Ordre des médecins pour éviter
toute sanction.

La présence croissante d’une dimension "guérisseuse" et du "tout psychologique" est relevée par la police, la gendarmerie et les associations.

Ces pratiques "à la frontière de l’escroquerie et du charlatanisme" suscitent encore peu de plaintes mais génèrent un "business" rémunérateur grâce à des stages, ventes de livres et vidéos notamment par internet.

La police recensait en 2005 plus de 200 méthodes de médecine douce contre 80, quatre ans auparavant. La gendarmerie constate "également, dans les campagnes, la progression d’une offre de soins et de guérison à risque promue par des micro-groupes ou des praticiens exerçant en libéral".
Selon l’Unadfi (Association nationale de défense des familles et de l’individu victimes de sectes), ces groupes ont été multipliés par deux et demi environ en quinze ans.

Des thérapies hygiénistes (jeûne+randonnée) sont signalées dans le sud-ouest, des groupes alliant écologie et pratiques guérisseuses druidiques en Bretagne. En Auvergne, un magnétiseur a fidélisé quelque 200 adeptes dans des rencontres collectives "très coûteuses". Naturopathie, EMF-Balancing (Kryeon): la mouvance New Age est inventive.

En Ardèche, la Miviludes a fait surveiller en novembre 2005 une réunion de l’Australienne Jashmuheen, qui dit ne plus manger depuis 1993 et prône le "respirianisme" –cesser toute alimentation solide–, avec quelques dizaines de milliers d’adeptes dans le monde y compris en France.

Le néo-chamanisme est "en pleine expansion" sous couvert de développement personnel, note aussi le rapport. L’ayahuasca (substance hallucinogène parfois utilisée) est classée depuis le 20 avril 2005 dans la liste des stupéfiants.

"Il convient d’être plus vigilant sur un certain nombre de mouvements en raison notamment de leur opposition à la médecine conventionnelle allant jusqu’au refus de soins", souligne le rapport citant Lou Pitchoun (Bouches-du-Rhône), SHY (ex-Energie universelle, Landes), l’instinctothérapie (Haute-Marne), le Cercle des amis de Bruno Goering (Dordogne), l’Eglise universelle du Royaume de Dieu ou encore l’association SA/Sathya Baba dont l’un des relais serait le Centre de méditation Vipassana (Yonne).

Reste que la santé est aussi la cible d’organisations traditionnelles, ajoute le rapport: les Témoins de Jéhovah ont diffusé à 10.000 exemplaires un DVD sur "les alternatives à la transfusion sanguine", l’Eglise de scientologie s’attaque à la psychiatrie via la Commission des citoyens pour les droits de
l’Homme (CCDH) ou Ethique et liberté, notamment après le drame de Pau.
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