La mission de lutte contre les dérives sectaires a présenté mardi son rapport annuel, dénonçant les nouvelles formes d’emprises.
par Amaria TLEMSANI
LIBERATION.FR : mercredi 26 avril 2006 – 16:32

«Il existe de vraies et bonnes raisons de ne pas renoncer à la lutte contre les dérives sectaires.» C’est par ces mots que Jean-Michel Roulet, président de la Mission Interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a présenté mardi son rapport annuel au Premier ministre.
Celui-ci est publié dix ans après l’affaire de l’Ordre du temple solaire, un drame qui avait poussé la France à se doter d’un organe de vigilance devenu, en 2002, la Miviludes. Protection des mineurs, dérives des médecines parallèles, pratiques d’intelligence économique et humanitaire d’urgence sont les principaux thèmes abordés dans ce rapport, «des thèmes importants qui touchent de plus en plus de Français», a ajouté Jean-Michel Roulet.
Enfants isolés

La Miviludes insiste dans un premier temps sur «la nécessité de protéger les mineurs face à l’emprise sectaire». Une emprise qui peut s’opérer selon elle, soit par l’intermédiaire des parents membres d’organisations déviantes, soit directement par les pratiques de certains mouvements. Sont pointés du doigt tout particulièrement les phénomènes d’enfermement dont sont victimes certains enfants au sein de communautés ou d’écoles, identifiées comme sectes par le rapport, comme les «Frères de Plymouth de la voie étroite». Ce mouvement implanté en Grande-Bretagne interdit aux enfants scolarisés dans leurs écoles l’utilisation du net, de la télévision. Selon leur précepte, les enfants ne doivent pas avoir d’amis hors du groupe ou aller à l’université, jugée trop cosmopolite.
Treize ans de jeûne total, dit-elle

Le rapport dénonce également «l’engouement pour les alter-médecines, multiformes mais qui ont pour point commun de ne bénéficier d’aucune validation scientifique, d’être exercées dans la plupart des cas par des thérapeutes autoproclamés et d’aboutir à un refus pur et simple des soins médicaux traditionnels». Dans le collimateur de la Mission: le «respirianisme» qui repose sur une dangereuse pratique de jeûne total, «Vivre de lumière/cinq ans sans nourriture matérielle». La prêtresse de ce mouvement, Ellen Greve, prétend ne plus se nourrir depuis 1993. Selon le président de la Miviludes, le respirianisme, qui a déjà causé la mort de cinq personnes, s’est rassemblé récemment en Ardèche pour un stage en prélude au processus de jeûne.

Concernant les actions concrètes de la Mission, le président rappelle sa confiance dans la justice et sa mission de vigilance. Critiqué pour s’être fixé comme objectif d’obtenir au moins cinq jugements durant sa présidence, Jean-Michel Roulet défend sa position: «En cas de violation des lois de la République, la Miviludes doit faire faire en sorte que la justice soit saisie… je souhaite que la justice passe. Cela voudra dire qu’on aura tous fait correctement notre travail.»