Le maire de Pérols est très embêté, depuis quelques jours. Christian Valette, réputé pour son habituel calme et sa discrétion politique, voit se ternir l’image de sa municipalité. La raison tient dans la mise en cause dont est officiellement l’objet son directeur général des services.

Celui-ci, en poste depuis près d’une quinzaine d’années, est soupçonné de faire du prosélytisme auprès d’une partie du personnel communal pour le compte d’un "mouvement caractérisé comme sectaire" par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) : La Connaissance, ex-Élan Vital et ex-Mission de la lumière divine.

« Un mouvement typiquement hindouiste qui a migré aux États-Unis et qui, représenté par Maharaji, dit aussi Prem Rawatt, le fils du fondateur, serait venu sur Terre pour annoncer cent ans de paix », explique Jean-François Ottan, de l’Association de défense de la famille et de l’individu victimes de sectes (Adfi, 1).

Jeudi, le conseil municipal de Pérols s’est terminé à huis clos pour évoquer cette question diverse portée à l’ordre du jour par les élus d’opposition. Eux voulaient savoir si oui ou non le maire était informé des éventuels agissements de son haut fonctionnaire. Christian Valette, qui déclare n’avoir « rien à dire » sur le sujet, aurait confirmé l’existence de ces soupçons.

Ainsi, ces dernières semaines, il aurait auditionné une dizaine d’employés municipaux pour se forger sa propre opinion. Tous les témoignages seraient convergents : à plusieurs reprises, des employés auraient été invités avec insistance à participer à des conférences dans un hôtel situé aux Prés-d’Arènes, à Montpellier. Certains s’y seraient rendus, d’autres se seraient vu remettre des DVD présentant l’une des conférences de Maharaji. Christian Valette aurait ensuite rencontré son directeur, qui « aurait reconnu mais regretté ses gestes », selon Jean-Pierre Rico, un des élus d’opposition.

Après réflexion, le maire a décidé de maintenir le directeur dans ses fonctions, assurant toutefois qu’il userait d’une sanction en interne.

Officiellement informée, la Miviludes a demandé à la préfecture de se pencher sur ce conseil municipal dont elle attend un résumé. Pour le reste, elle se borne à dire de ce mouvement qu’« il intervient en général en tant qu’organisme de formation professionnelle animé ou dirigé par un de ses membres ».

Pour l’élue d’opposition Claude-Jacqueline Martin, « le personnel qui avait commencé à parler risque, si rien ne se passe, de se refermer sur lui-même ». L’Adfi avait reçu une lettre anonyme sollicitant une intervention : « L’auteur craignait pour sa santé et pour sa carrière, cette histoire va très loin », dit Jean-François Ottan. C’est en effet un drôle de climat qui plane aujourd’hui sur Pérols.

LE MIDI LIBRE
Edition du 31 Octobre 2006