COMMUNIQUÉ DE PRESSE
DE JEAN-PIERRE BRARD
Député de la Seine-Saint-Denis – Maire de Montreuil
 
 
Non à la « toilette » au kärcher de la loi de 1905 !
 
M. Sarkozy est parvenu à faire confirmer par une poignée d’experts la remise en cause de la laïcité qu’il avait développée dès 2004 dans son livre « La république, la religion, l’espérance ». Les conclusions de la commission Machelon sapent les fondements de la loi de 1905, en préconisant le financement public sans plafonnement des lieux de culte et la banalisation des associations cultuelles.
 
La loi de 1905 affirme que la séparation des églises et de l’Etat résulte de la liberté de conscience qui est le socle de nos libertés. La « toilette » proposée attaque deux articles « verrous » de l’étanchéité des rapports entre l’Etat et les cultes : l’article 2 qui dispose que « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » et l’article 19 qui définit le régime très spécifique des associations cultuelles pour bien les distinguer des associations de la loi 1901 et précise qu’elles « ne pourront, sous quelque forme que ce soit, recevoir des subventions de l’État, des départements ou des communes ». La commission préconise que les associations cultuelles puissent exercer des activités sociales, culturelles et même obtenir la « reconnaissance d’utilité publique » !
 
Sous prétexte d’assurer l’égalité des cultes, la commission Machelon propose que la République mette le nez dans les affaires des cultes. Une chose est sûre : les deux en sortiraient affaiblis.
 
L’Etat n’a pas à intervenir dans le fonctionnement et le développement des cultes. Fervent adepte du laisser-faire dans le champ de la concurrence économique, M. Sarkozy veut soudain donner le pouvoir aux responsables politiques d’intervenir dans le champ religieux au profit des divers communautarismes qu’il aime flatter.
 
L’argent public n’est pas fait pour financer les croyances. Les contribuables non-croyants ne seraient-ils pas en droit d’exiger leur part ?
 
Sur quelles bases  les pouvoirs publics éliraient-ils les cultes méritant des financements ? Ils n’ont aucun moyen de vérifier les chiffres de fidèles affichés par les différentes églises. La commune de Deyvillers, petit village de 1400 âmes dans les Vosges, devrait-elle payer la construction de la « salle du royaume » de 1500 places projetée par les témoins de Jéhovah ? Comment les pouvoirs publics choisiraient-ils entre les différents courants au sein des religions ? Le président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) a déjà exigé hier dans La Croix que « les mairies n’établissent pas de hiérarchie entre les différentes associations musulmanes ». La République ne doit pas mettre le doigt dans cet engrenage infernal.
 
Cet empressement du ministre d’Etat, Nicolas Sarkozy, est d’autant plus suspect que la plupart des responsables religieux affirmaient hier dans La Croix ne pas avoir demandé ce subventionnement direct des lieux de culte. Quelques jours après son retour des Etats-Unis, M. Sarkozy se laisserait-il emporter par son idéologie communautariste ?