VILLEFRANCHE-DE-LAURAGAIS (Haute-Garonne), 6 nov 2006 (AFP) – Quatorze personnes poursuivies pour des détournements de fonds dans l’affaire du "Patriarche", une association d’aide aux toxicomanes citée dans un rapport parlementaire sur les sectes, ont comparu lundi en correctionnelle, près de Toulouse.
  
Le principal prévenu, Lucien Engelmajer, en fuite à l’étranger, est absent des débats ouverts devant le tribunal correctionnel, déplacé à Villefranche-de-Lauragais pour cause de travaux au Palais de justice de Toulouse. L’un de ses fils, Kim, et une autre personne également impliquée dans cette affaire, n’ont également pas comparu à l’audience.
  
En revanche, l’un des enfants de M. Engelmajer, François, qui s’était réfugié aux Etats-Unis, s’est présenté volontairement à l’ouverture des débats.
  
Au total, 17 personnes, dont Jean-Paul Séguéla, conseiller de Charles Pasqua au ministère de l’Intérieur pour les questions de toxicomanie de 1993 à 1995, sont poursuivies, notamment pour abus de faiblesse, abus de biens sociaux, abus de confiance, blanchiment et recel.
  
L’enquête a révélé qu’ils avaient profité d’importants détournements de fonds provenant du "Patriarche", créé au début des années 1970 près de Toulouse par Lucien Engelmajer, un ancien brocanteur né à Francfort-sur-le-Main (Allemagne), et d’associations satellites et sociétés
commerciales fondées dans une vingtaine de pays d’Europe et d’Amérique.
  
L’association, ayant bénéficié jusqu’en 1996 de subventions publiques, recueillait dans toute l’Europe des fonds au profit des toxicomanes, via des dons et la vente dans la rue de ses journaux, dont "Antitox", par les toxicomanes qu’elle accueillait.
  
Une partie importante de ces sommes était détournée et placée sur des comptes bancaires en Suisse et au Luxembourg au profit de Lucien Engelmajer, ses enfants et plusieurs collaborateurs du "Patriarche", qui menaient un train de vie somptuaire.
  
Certains des prévenus devront répondre également des méthodes utilisées à l’égard des toxicomanes par "Le Patriarche" s’apparentant à celle d’une secte, selon les parties civiles.
  
Traités par un sevrage brutal dans des centres d’accueil où ils étaient parfois isolés du monde extérieur, les toxicomanes étaient contraints à un travail censé les réinsérer, mais généralement pas déclaré, ni parfois même payé.
  
Réfugié au Belize (Amérique centrale) avec une partie de la trésorerie de l’association, Lucien Engelmajer, 85 ans, est sous le coup d’une autre procédure judiciaire pour viols et agressions sexuelles sur mineures, dans l’entourage de l’association.
  
Quant à Jean-Paul Séguéla, ancien doyen de la faculté de médecine, ex-député RPR, qui fut représentant du ministère de l’Intérieur à la Délégation générale de lutte contre la drogue et la toxicomanie, il est accusé d’avoir profité de la générosité de l’autoritaire dirigeant du "Patriarche".   ar/gr/fa