La justice canadienne a rejeté pour la deuxième fois la demande de mise en liberté conditionnelle de la Française de 35 ans, accusée d’avoir kidnappé ses deux enfants et de s’être réfugiée avec eux en France. Enceinte de huit mois, elle devra rester en prison jusqu’à l’ouverture de son procès en novembre.

La juge Heather Holmes de la Cour suprême de Colombie-Britannique a rejeté vendredi soir la demande de mise en liberté conditionnelle de Nathalie Gettliffe, confirmant en appel une décision publié du mois de mai. Détenue depuis le 11 avril au Canada et enceinte de huit mois, la Française devra donc rester en prison jusqu’à son procès, qui doit s’ouvrir le 20 novembre, et accoucher en prison. En raison de ces circonstances exceptionnelles, la juge a cependant autorisé le clan Gettliffe à présenter un deuxième appel, dans le cas où les soins médicaux fournis seraient insuffisants. La jeune femme risque 10 ans de prison si elle est reconnue coupable de l’enlèvement de ses enfants Maximilien (12 ans) et Joséphine (11 ans), en 2001.

Enceinte de huit mois, la jeune femme n’a pas assisté à la décision de la cour en raison de son état de santé que ses proches jugent préoccupant. Nathalie Gettliffe souffre de contractions prématurées, et une grève a été déclenchée cette semaine par les infirmières des prisons de cette province canadienne. Selon Me Deanne Gaffar, son avocate canadienne, les moyens de pression mis en place par le personnel médical risquent de priver la détenue des soins dont elle a besoin. Elle dit ne pas avoir encore décidé si elle fera appel de la décision.
Pour Me Dominique Chambon, son avocat français, ce rejet est «choquant et scandaleux». «Nathalie n’est pas une délinquante et il aurait été possible de lui imposer une caution pour éviter la récidive», a-t-il ajouté.

« Si elle était en liberté, je ne suis pas sûr de ce qui pourrait arriver »
Scott Grant, ex-mari de la jeune femme et père de Maximilien et Joséphine, a fait part de sa satisfaction. Il dit craindre qu’elle puisse à nouveau tenter de prendre la fuite avec les enfants. «Je suis soulagé», a-t-il déclaré à la sortie du tribunal. «C’est une femme très intelligente, qui a beaucoup d’initiative, et si elle était en liberté, je ne suis pas sûr de ce qui pourrait arriver». Dans un article paru mardi en une du quotidien Vancouver Sun, Scott Grant a reconnu que ses enfants avaient «besoin de revoir leur mère», mais a ajouté : «Je crois qu’à l’avenir, ils vont haïr leur mère. Et je devrai les convaincre qu’ils ne doivent pas haïr une personne qui est fondamentalement malade». Les deux enfants sont venus voir leur mère en prison à la fin du mois de juillet, mais leur père a mis fin à ces visites.

La Française avait ignoré un ordre de la justice canadienne lui interdisant d’amener ses enfants en vacances. Elle avait quitté le Canada en compagnie de Maximilien et de Joséphine en 2001, un an après s’être séparée de son mari, qu’elle accuse d’appartenir à une secte. Scott Grant fréquente « l’Eglise internationale du Christ », un mouvement répertorié comme une secte en France mais pas au Canada. Revenue en avril 2006 au Canada, cette professeure d’anglais à l’université Lyon-II a été aussitôt arrêtée par les autorités du pays. Maximilien et Joséphine ont été rendus à leur père au mois de juillet par la justice française.