La Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes (Miviludes) vient de rendre son nouveau rapport, cette fois sous la plume de son actuel président, Jean-Michel Roulet, nommé en septembre 2005. Si dans le rapport précédent la Miviludes faisait état de "dérives sectaires", elle va maintenant plus loin en parlant "d’emprise sectaire".
Chez les évangéliques, sont épinglées des pratiques charismatiques telles que la prière collective ou pour les malade. Egalement visée, l’infiltration du monde humanitaire et de tout ce qui a trait aux camps de vacances pour les jeunes; il faudra donc s’attendre à un durcissement supplémentaire dans la vague de refus des bon vacances de la CAF et des agréments "Jeunesse et Sports" retirés. L’entrée des sectes dans le monde de l’entreprise est également pointée du doigt.
Mais le plus grave, c’est le risque que fait courir à toutes les Eglises de Frères dites "Darbystes" (15.000 membres environ), ce nouveau rapport qui est censé ne dénoncer que le "Frères de Plymouth" (1.500 membres environ). Les Frères dénoncent "une série de contre-vérités"."La Miviludes", ajoutent-ils dans un communiqué rendu public le 26 avril, "a préféré accorder du crédit aux témoignages d’une poignée d’opposants".
Quelques explications sont nécessaires au sujet des "Frères de Plymouth" en question, qui s’appellent entre eux les "purs" et sont connus également sous le nom de "Tayloristes" (du nom de l’homme qu’ils ont suivi dans les années 50) ou également "Ravinistes" (qui est une division des Eglises de Frères survenue en 1890). Tous ces mouvements sont issus d’un prêtre, John Nelson Darby, qui dénonça en 1828 la collusion entre l’église Anglicane et l’état Anglais et devint le chef de file d’un nouveau mouvement qui refusait les étiquettes et prônait le dispensationnalisme.
Si ces "Tayloristes", minoritaires en terme d’effectif, se qualifient volontiers eux-mêmes de "Darbystes", les Eglises de Frères continuent de nos jours à refuser ce nom, bien qu’elles soient majoritaires en nombre de croyants (15.000), de lieux de culte (110, essentiellement répartis dans le Centre Est de la France) et qu’elles restent fidèles au la doctrine de leur chef de file, John Nelson Darby. Leur refus des étiquettes a un but: ne pas suivre un homme, mais suivre Christ, erreur que n’ont pas su éviter les "Ravinistes" qui, repliés sur eux-mêmes, considèrent leurs anciens presque comme des "gourous" et pratiquent l’endogamie. Pour autant, cette spécificité qui résulte d’un choix de vie semblable à celui des communautés Mennonites ou Amish, si elle peut présenter des dérives sectaires, n’en mérite quand même pas la classification infâmante de "secte", surtout quand on sait ce que cela signifie en risques pour l’unité des familles.
Les "Ravinistes" refusant la technologie d’Internet qu’ils qualifient de satanique, nous ne disposons pas encore de leur réaction officielle.